Véronique Crombé : une bouddhiste engagée et éclairée

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Ne comptez surtout pas sur elle pour faire les choses à moitié. Conférencière des musées nationaux, traductrice, Véronique Crombé a plusieurs vies, toutes dédiées à l’art et la philosophie. La peinture, les langues O’, l’histoire de l’art, celle du bouddhisme et celle de l’hindouisme. Portrait d’une femme virevoltante, passionnante et inspirante.

Véronique est née à Roubaix. Un quartier de briques rouges avec des maisons à trois étages qui s’alignent sur des rues entières. La famille Crombé est catholique, mais pas plus pratiquante que ça. Écoles chrétiennes, Sainte Marie Auxiliatrice puis lycée Jean XXIII. Un bac C plus tard (avec 15/20 en français par esprit de contradiction), elle s’inscrit en Histoire de l’art à la faculté de Lille. « J’ai littéralement dévoré cet enseignement. J’ai eu le sentiment que c’était fait pour moi. » Dès la première année, rencontre avec son premier mentor. Une femme, une révélation. Juliette de La Genière, l’une des plus grandes archéologues de France. Elle la prend en main et, après la licence, lui conseille de tenter les concours des musées nationaux à Paris. « Je lui dois beaucoup. Elle a mis de la lumière dans mon esprit et des objectifs dans ma vie. »

Véronique est insatiable. Pour se préparer, elle s’inscrit à l’École du Louvre et aux Langues O’ en chinois. Mais, à Lille, elle avait déjà rencontré son second mentor. Le plus inspirant. Un homme, Jean Naudou, professeur de sanskrit et de civilisation indienne. « Le coup de foudre intellectuel. Conquise dès le premier cours. Il élevait les esprits de ses étudiants. » Véronique va-t-elle s’arrêter là ? « J’ai enchaîné en suivant quantité de cours, théorie et histoire de la médecine chinoise traditionnelle, calligraphie… » Et on ne parle pas des multiples voyages effectués.

Une pause dans cette soif d’apprendre et, concours passé, nous retrouvons Véronique en Conférencière des Musées Nationaux. Une connaissance encyclopédique de son sujet et un véritable don pour expliquer et faire découvrir les collections. Les visiteurs l’adorent. Sa spécialisation dans les civilisations asiatiques l’aura dirigée tout naturellement vers le musée Guimet. Mais aussi vers le bouddhisme.

Le bouddhisme et l’art

Le déclic se fait lors d’une visite à Genève. Une visiteuse du musée Guimet l’invite à donner une conférence sur les mandalas, puis sur le bouddhisme au Sri Lanka. Véronique se prête volontiers à l’exercice. « Au premier rang, pour la deuxième conférence, se trouvait un moine bouddhiste appartenant à l’école Theravada. À la fin de mon exposé, il est venu me saluer et me dire que j’avais été nonne dans une vie antérieure. » Troisième mentor. Le plus décisif : le Vénérable Bhante Dhammika. Il dirige le Centre Bouddhiste International de Genève. Sous son enseignement, Véronique Crombé va évoluer et prendre le nom de Vidassana. « Devenir bouddhiste est un engagement qui se traduit par la cérémonie de la « prise de refuge ». C’est le moment où l’adepte décide de suivre l’enseignement bouddhique et d’entrer dans la communauté des disciples. Il prend « refuge » dans le Bouddha et accepte de suivre les préceptes fondamentaux : les Quatre nobles vérités et le non-attachement. » Un moment solennel destiné à chasser les nuages du doute… Encore qu’avec Véronique, il n’y eut pas d’hésitation, au point que le Vénérable fit la cérémonie tout en considérant que le savoir de sa protégée l’avait déjà rendue bouddhiste !

« Le bouddhisme prône l’équilibre et allie maîtrise de soi et compassion vis-à-vis des autres. »

Appartenant à la tradition Theravada, Véronique Crombé vit son engagement avec sérénité : « Le bouddhisme prône l’équilibre et allie maîtrise de soi et compassion vis-à-vis des autres. » Une philosophie qu’elle a épousée comme d’autres entrent en religion, ce qui explique qu’elle soit aussi rayonnante et lumineuse.

Une vie consacrée à l’art, mais pas la peur d’être décalée… À ce stade du portrait, il faut que je vous parle de son jardin (pas si) secret. L’Irlande d’abord. Un engagement personnel, suite à sa découverte de l’un des héros de l’indépendance irlandaise, Michael Collins, pour préserver un quartier historique de Dublin. Elle y est aussi impliquée dans le dialogue interreligieux.  Une longue histoire. La série TV britannique culte Docteur Who, ensuite. 851 épisodes qu’elle a tous vus, dont le héros, capable de se régénérer (au lieu de mourir), voyage dans l’espace et dans le temps. Des conventions sont régulièrement organisées, au cours desquelles les acteurs et les scénaristes viennent à la rencontre de leur public. Véronique compte bien ne pas rater la prochaine au Pays de Galles. Sauf annulation de l’événement pour cause de Covid19… Les conventions aussi sont soumises aux lois de l’impermanence.

Véronique aura bien besoin de ses méditations pour attendre le « spécial fin d’année » 2020. À moins qu’elle ne se jette sur ses papiers pour peindre des aquarelles qu’elle met en ligne dans sa propre galerie en ligne. Vous étiez prévenus, Véronique a plusieurs vies…

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Sophie Solère

Sophie Solère est une journaliste économique et sociale qui s'intéresse depuis des années à l'environnement et à l'interdépendance. Elle travaille pour Bouddha News, une plateforme de médias dédiée à la spiritualité et à la sagesse bouddhiste. En pratiquant le yoga et la danse méditative, Sophie a découvert le pouvoir des voyages spirituels, qui offrent tant de chemins pour se (re)trouver. Elle se consacre à partager avec les lecteurs de Bouddha News des histoires inspirantes et des conseils précieux sur la pratique spirituelle et l'environnement.

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