L’homme, qui aime se démultiplier, conjugue volontiers ses engagements sur un mode ternaire. Il a suivi un triple cursus universitaire : la philosophie à Paris IV, les lettres modernes à Paris VII et les études indiennes classiques à Paris III. Titulaire d’un doctorat en philosophie et d’un autre en histoire des religions centré sur une école brahmanique, Marc Ballanfat articule, aujourd’hui, sa vie professionnelle sur trois pôles : il enseigne en classes préparatoires aux Grandes Écoles, à l’Université Paris IV et au Centre Sèvre, tout en traduisant des textes indiens. « J’observe chez mes étudiants de Paris IV un intérêt très vif pour une autre vision du monde, pour les philosophies de l’Inde notamment. Mais je leur fais comprendre qu’il ne s’agit pas d’adopter celles-ci sans esprit critique ni d’idéaliser l’Inde. Être philosophe, c’est garder l’esprit critique », insiste-t-il.
Un esprit critique que la philosophe Simone Weil, « témoin d’une époque détestable, qui a voulu la penser pour tenter d’en inverser le cours », selon les mots de François L’Yvonnet, professeur de philosophie et éditeur, portait au plus haut point.
« J’observe chez mes étudiants un intérêt très vif pour une autre vision du monde, pour les philosophies de l’Inde notamment. Mais je leur fais comprendre qu’il ne s’agit pas d’adopter celles-ci sans esprit critique ni d’idéaliser l’Inde. Être philosophe, c’est garder l’esprit critique. »
Marc Ballanfat en est venu à s’intéresser à la pensée de l’auteure de la Pesanteur et la Grâce, et à lui consacrer un livre quand il a compris que Simone Weil s’était, elle aussi, passionnée pour l’Inde. « C’est une philosophe remarquable par sa tolérance et son ouverture. Elle était prête à interroger toutes les traditions sans se limiter à la philosophie occidentale. Pour elle, l’important était la mise en pratique de sa pensée », observe-t-il.
De plain-pied dans la philosophie indienne
Bien qu’auteur de plusieurs ouvrages sur les philosophies de l’Inde, Marc Ballanfat se voit avant tout comme un traducteur. Pendant ses études en doctorat, il s’est rendu compte que de nombreux textes n’avaient pas été traduits en français. « Si l’on veut que les gens s’intéressent aux philosophies indiennes dans leur ensemble, il faut pouvoir mettre à leur disposition des textes clairs, compréhensibles et intelligibles. C’est le travail du traducteur. » Lui dit se sentir proche des humanistes de la Renaissance. « Sans leur extraordinaire travail de traduction, nous ne serions pas, aujourd’hui encore, en train de lire Platon, Épictète ou Aristote. Ce sont eux qui sont à l’origine de ce que l’on appelle aujourd’hui les humanités », pointe-t-il. La traduction dont il est le plus fier ? Celle de la Bhagavad-Gita, publiée en 2007 avant d’être réimprimée. « Elle permet de faire entrer les étudiants de plain-pied dans la philosophie indienne sans que cela ne leur paraisse trop difficile ». Marc Ballanfat a traduit plusieurs autres textes brahmaniques, bouddhiques et jaïns, pour les éditions Hermann notamment. Son projet pour les prochains mois ? Se lancer dans l’écriture d’un livre en duo avec un grand professeur bouddhiste, lance-t-il sans plus de précisions.