Certains textes sont infinis. Plus on plonge en eux, plus le sens se déploie. La Bhagavad-Gita est de ceux-ci. Ce grand poème spirituel, dit « Le chant du bienheureux », est l’essence pure du yoga. Il se situe au-delà des traditions, tirant son origine d’un temps si lointain qu’il nous échappe. Nul ne sait quand il a été écrit. Certains le date du Ve siècle avant J.-C. ; pour d’autres, il vient du Ier siècle après J.-C. Ce poème a été intégré à la grande épopée du Mahabarrata, mais il est par lui-même un joyau à l’état brut. Arjuna sur le point de combattre, refuse d’entrer dans la bataille, désespéré à l’idée de tuer de valeureux guerriers qui sont à la fois sa famille et ses amis. Krishna, le cocher sacré, lui livre alors un enseignement fondamental : ne rejette pas l’action, mais rejette le fruit de l’action. Agis selon ton devoir sans chercher ton bien propre. En renonçant aux fruits de l’action, on récolte mille fruits puisqu’on se fond dans le Soi. Ce texte essentiel montre la voie qui mène à l’accomplissement, car en délaissant les résultats, les honneurs et les désirs égoïstes, notre vie entière devient une offrande. C’est ainsi que la spiritualité peut gouverner nos activités les plus terrestres : « L’équanimité du yoga / C’est être ouvert tant à l’échec / Qu’au succès, c’est se maîtriser / C’est agir sans rien attendre ».
La Bhagavad-Gita expose les vérités les plus fondamentales de l’existence humaine dans une langue claire, poétique, bouleversante. Cette nouvelle édition qui retranscrit la traduction de Stephen Mitchell fait surgir le sens grâce aux vers qui dévoilent le chant. De très belles images de mandalas répondent par la couleur et le symbole à ces mots puissants. Un texte de Gandhi, achève cet ouvrage, montrant à quel point ce poème philosophique peut porter et illuminer une vie.