Les vertus de la patience pour réaliser le nibbana

- par Henry Oudin

Publié le

4e volet des conseils du Vénérable Mahasi Sayadaw sur la pratique de base bouddhiste de la Pleine Attention.

« La patience mène au nibbana », dit un dicton. De toute évidence, ce dicton s’applique à cette pratique d’observation plus qu’à toute autre. Il faut faire preuve de beaucoup de patience dans la méditation. Si un méditant ne supporte pas les ressentis désagréables avec patience pendant la méditation, mais qu’il change fréquemment de posture, il ne peut espérer réaliser la concentration. Et sans la concentration il n’a aucune chance de réaliser la connaissance de la Vision Pénétrante (vipassana-naṇa). Sans cela, on ne peut pas réaliser l’entrée de la Voie, ni ses résultats, ni le nibbana. 

La progression et l’aboutissement de la contemplation :
la connaissance de dukkha, anicca et anatta et l’entrée dans le Courant.

En continuant la pratique de la méditation pendant un certain temps, on aboutira à un progrès considérable dans l’attention et la concentration. À ce niveau élevé, il sera rendu possible de percevoir qu’à chaque fois que l’on note, chaque processus apparaît puis disparaît instantanément. Mais les personnes ignorantes considèrent généralement que le corps et l’esprit sont dans une situation de permanence tout au long de la vie, ou de l’existence, qu’il s’agit du même corps qui a grandi depuis l’enfance jusqu’à l’âge adulte ; que c’est le même esprit jeune qui a grandi jusqu’à la maturité et que le corps et l’esprit forment une seule et même personne. La réalité n’est pas ainsi. Rien n’est permanent. Chaque chose existe pendant un moment puis disparaît. Rien ne peut durer, même le temps d’un clin d’œil. Les changements se produisent très rapidement et ils seront perçus en leur temps par le méditant. En poursuivant la méditation en notant : « montée, descente » et ainsi de suite, on constate que les processus apparaissent puis disparaissent toujours l’un après l’autre dans une succession très rapide. En s’apercevant ainsi que tout disparaît au moment même où il note, le méditant acquiert la certitude du fait que rien n’est permanent. Cette connaissance concernant l’état éphémère des choses est la connaissance de la Vision Pénétrante de l’impermanence (aniccanupassana-naṇa).

Alors, le méditant ressent que cet état de choses en constant changement lui est pénible et indésirable. Ceci est la connaissance de la Vision Pénétrante de la souffrance (dukkanupassana-naṇa). De plus, le fait d’éprouver de nombreux ressentis douloureux est alors vu comme un simple amas de souffrance. Cela aussi est la même Vision Pénétrante.

En réalisant le premier stade du nibbana, on est libéré du cycle de la renaissance dans la vie malheureuse d’une existence inférieure.

Ensuite, on perçoit que les éléments de la matière et de l’esprit ne suivent jamais nos souhaits, mais qu’ils agissent en fonction de leur propre nature et selon leurs conditionnements. Occupé à noter les processus, un méditant est sûr du fait que ceux-ci ne sont pas contrôlables et qu’ils ne sont ni une personne ni une entité vivante ni un « moi » dans le vrai sens du terme. C’est la connaissance de la Vision Pénétrante de l’absence d’un « moi » (anattanupassana-naṇa).

Quand un méditant a pleinement développé les connaissances spirituelles de la Vision Pénétrante de l’impermanence, de la souffrance et de l’absence d’un « moi », il réalisera le nibbana. Depuis des temps immémoriaux, les bouddhas, les arahants et les saints ont réalisé le nibbana par le moyen de Vipassana. C’est la Voie élevée menant au nibbana. En fait, Vipassana est constituée des Quatre Applications de la Pleine Attention (satipaṭṭhana) et est donc la Voie élevée vers le nibbana.

Les méditants devraient donc poursuivre la pratique de la méditation avec grand sérieux et en toute confiance dans le fait que cela les conduira sûrement au perfectionnement de la connaissance de l’entrée de la Voie et de la réalisation de ses résultats, et à la réalisation du nibbana. Ils seront alors libérés de la croyance erronée dans l’existence d’un « moi » (sakkaya-diṭṭhi) et du doute (vicikiccha) et ne seront plus soumis à la ronde de renaissances dans les existences malheureuses de l’enfer, des animaux ou des esprits affamés.

En réalisant le premier stade du nibbana, on est libéré du cycle de la renaissance dans la vie malheureuse d’une existence inférieure. Chacun doit donc s’efforcer de réaliser au moins ce premier stade.

 

Mahasi Sayadaw
Traduction : Christian Galliou

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Henry Oudin

Henry Oudin est un érudit du bouddhisme, un aventurier spirituel et un journaliste. Il est un chercheur passionné des profondeurs de la sagesse bouddhiste, et voyage régulièrement pour en apprendre davantage sur le bouddhisme et les cultures spirituelles. En partageant ses connaissances et ses expériences de vie sur Bouddha News, Henry espère inspirer les autres à embrasser des modes de vie plus spirituels et plus conscients.

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