Festival du Tibet et des Peuples de l’Himalaya 

- par Henry Oudin

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Directeur de la Maison du Tibet à Paris, Jigme Dorji nous ouvre les portes de la 19e édition de ce festival qui tutoie les sommets et qui se déroulera du 14 au 16 juin au Lac Daumesnil, dans le bois de Vincennes.

Comment est né ce festival ?

Ce festival a été lancé en 1999, dans le but de sensibiliser l’opinion publique à la disparition progressive de la culture tibétaine, mais aussi dans le but de récolter des fonds pour financer la Maison du Tibet (1), créée en 1991 par le Dalaï-Lama. Nous nous sommes vite rendus compte que ce festival était très suivi. A chaque édition, selon la météo et la qualité du programme, nous accueillons en moyenne entre 5000 et 7000 spectateurs durant le week-end. Cette fréquentation nous permet d’atteindre notre but, à savoir promouvoir et préserver notre culture.

La culture tibétaine est menacée de disparaître au Tibet même. Pouvez-vous développer ?

Pour commencer, il faut rappeler que les enseignements du bouddhisme, notamment les notions de paix et de non-violence sont fortement ancrés dans la tradition populaire. Or, depuis des décennies, les Tibétains subissent les exactions du gouvernement chinois qui leur refuse, entre autres interdictions, de parler leur propre langue. Dans certaines régions, les moines n’ont pas le droit non plus de pratiquer leur spiritualité.

La situation est très compliquée : la position des autorités tibétaines en exil à Dharamsala, en Inde, est de dire qu’il faut continuer à travailler avec Pékin pour trouver une solution commune à ce problème. Or, actuellement, les autorités chinoises refusent au Dalaï-Lama toute possibilité d’en discuter. Il incombe donc à la diaspora tibétaine de tout mettre en œuvre pour que cette culture ne disparaisse pas.

Comment définir la culture du Toit du monde ?

Je crois qu’on peut la résumer en montrant l’importance qui est donnée aux valeurs et qualités humaines telle que la compassion, la bienveillance, la générosité, l’altruisme, mais aussi la place de l’humanisme, l’éthique, l’éducation, le soin que l’on prend de chaque être vivant et le fait que cette culture concerne tous les êtres humains, non uniquement les peuples de l’Himalaya, c’est une valeur universelle qui transcende les particularités culturelles. La bonté est la fondation essentielle de la philosophie du Dalaï-Lama.

Quelle est la particularité de cette 19e édition ? 

Cette année, nous mettons l’accent sur l’identité culturelle du Tibet à travers les trois engagements principaux de Sa Sainteté le Dalaï-Lama : le premier concerne la protection de la tradition bouddhiste (paix, non-violence, défense de l’environnement naturel de l’Himalaya) ; le deuxième évoque le dialogue nécessaire entre les grandes religions du monde et les traditions spirituelles ; le dernier porte sur les valeurs universelles qui constituent ce que l’on appelle l’éthique séculaire.

« Ce festival est celui du lien humain. »

Durant tout le week-end, nous proposerons donc des conférences sur ces thématiques et des ateliers pratiques sur le yoga et la méditation, afin que les gens puissent découvrir ces notions de manière ludique, corporelle, et pas seulement non à travers des discours abstraits.

Le festival s’ouvre le 14 juin par la soirée Free Tibet, avec des concerts de musiques actuelles, non traditionnelles. Pourquoi ce choix ?

Nous trouvions intéressant de nous adresser aux jeunes générations à travers les groupes qu’ils écoutent, indépendamment de leurs origines. Les artistes ont répondu immédiatement présents. Ils sont sensibilisés à la cause tibétaine, notamment la tête d’affiche Highlight Tribe qui côtoie la diaspora tibétaine et défend ses valeurs. Le reste du week-end, les spectateurs pourront admirer des danses et des chants traditionnels de la troupe de la Communauté tibétaine de France, entre autres animations.

Quelle est la place du bouddhisme dans cet événement ? 

Pour les plus initiés, nous avons invité le spécialiste du bouddhisme Philippe Cornu qui animera, le dimanche (15h à 16h30), un atelier sur « La mort et les bardos, miroir de la vie » puis le Vénérable Guéshé Tendhar qui donnera ensuite (16h40 à 18h) une conférence intitulé « La pratique de la méditation et Semjong – entraînement de l’esprit ».

Un moment fort de ce week-end ?

Je crois que c’est avant tout l’ambiance de ce festival, son côté authentique et son approche conviviale, ludique. Le grand public se mêle aux tibétains, toutes les générations se retrouvent, beaucoup viennent en famille…. L’état d’esprit est jovial, bon enfant, à l’image des fameuses rondes tibétaines qui réunissent chaque année les spectateurs. Ce festival est celui du lien humain

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Henry Oudin

Henry Oudin est un érudit du bouddhisme, un aventurier spirituel et un journaliste. Il est un chercheur passionné des profondeurs de la sagesse bouddhiste, et voyage régulièrement pour en apprendre davantage sur le bouddhisme et les cultures spirituelles. En partageant ses connaissances et ses expériences de vie sur Bouddha News, Henry espère inspirer les autres à embrasser des modes de vie plus spirituels et plus conscients.

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