Certains y verront une forme de synchronicité bienvenue, d’autres la preuve heureuse d’un vrai talent d’anticipation. Une chose est sûre : le nouveau livre de Michel Odoul tombe bien. Sorti en librairie le 12 mars, soit quatre petits jours seulement avant l’annonce du confinement, Dis-moi comment aller chaque jour de mieux en mieux peut en effet se révéler bien utile à ceux qui ont eu la chance – ou la judicieuse intuition – de se le procurer avant la date fatidique. Car la période, pour le moins anxiogène, met nos nerfs et nos corps à rude épreuve : dans pareil contexte, il faut donc aussi savoir se prémunir des troubles physiques et psychologiques et des nombreux effets indésirables qui pourraient en être engendrés… Comme si, d’une certaine manière, il fallait également développer ses propres gestes barrières contre d’autres risques – l’angoisse, le doute et tous ces facteurs de stress et de déséquilibre – qui nous guettent, discrètement, en même temps que le virus.
Face à ça, Michel Odoul s’attèle dans cet essai vivifiant à rappeler l’impérieuse nécessité de « prévenir plutôt que guérir ». La formule est certes éculée, elle n’en est pas moins parfaitement d’actualité, tant elle est si souvent méprisée ! « Ce qui préoccupe principalement la majorité des patients et les conduit – voire les contraint – à consulter, c’est la maladie (…)
Cela a été pendant longtemps une grande question pour moi : qu’est-ce qui fait que l’on ne se préoccupe pas d’abord et avant tout de la santé, plutôt que de mettre une énergie folle dans les outils et dans la façon de soigner la maladie ? », interroge ainsi l’auteur, en préambule. Michel Odoul est bien placé pour le savoir : cela fait 35 ans qu’il exerce en tant que praticien shiatsu, une méthode de relaxation et une thérapie manuelle d’origine japonaise, qu’il a contribué à développer dans l’hexagone en fondant notamment l’Institut français de shiatsu.
« La fuite en avant et l’écran de fumée de l’extérieur ne fonctionnent plus. Le confinement est l’occasion de se confronter à quelque chose que l’on a trop souvent tendance à vouloir ignorer : soi-même. »
Cette nouvelle publication s’inscrit dans la continuité d’une œuvre éditoriale riche, qui a fait de lui un auteur connu et reconnu depuis plus de vingt ans. Fort de ses précédents travaux sur la phyto-énergétique, l’écologie individuelle ou la médecine du corps, Michel Odoul y poursuit ici la même démarche ambitieuse : instaurer un autre rapport à la vie, changer notre regard et nos perceptions pour épouser une approche plus globale sur notre façon de fonctionner. Et mieux comprendre, de fait, que ce que nous vivons et ce que nous sommes nous appartient – autrement dit, que nous sommes des êtres « responsables ». « Aucun de nos maux n’arrive par hasard. Il est toujours porteur d’un sens et s’inscrit toujours dans un vécu bien précis », écrit ainsi Michel Odoul.
Pensé comme la suite de son grand succès, Dis-moi où tu as mal, je te dirai pourquoi (première édition en 1994), ce dernier opus appelle donc à reconsidérer autrement notre rapport au soin, en dénonçant l’ignorance qui consiste généralement à miser sur la curation – ce que Michel Odoul appelle « la coupure entre la maladie et la santé » : plutôt que de traiter la maladie une fois celle-ci survenue, n’est-il pas plus efficace de s’en protéger en amont, par le biais de petits gestes et attentions garantissant notre équilibre ? Car la santé « résulte d’un équilibre intrinsèque entre le corps et l’esprit », tel que le définit Michel Odoul.
Les cinq « justes comportements »
Pour ce faire, l’auteur se concentre par exemple sur les cinq « justes comportements » -préconisés également par la philosophie bouddhique -, garants de cette harmonie de l’être : le juste effort, le juste repos, le juste manger, le juste penser et le juste désir. Trop souvent oublié, le « juste penser » revêt notamment un caractère particulier, dans la période actuelle : « Pour vivre, un être humain ne nourrit pas uniquement son corps. Il doit également nourrir son esprit. Et tout nourrit : les ressentis, les émotions, les expériences, les bonheurs comme les traumatismes. À l’instar des aliments qui ont besoin d’être équilibrés sur les plans qualitatif et quantitatif, les vécus doivent aussi l’être », poursuit l’auteur. Et comment, au juste ? Grâce à différentes « clés », très accessibles, que Michel Odoul présente tout au long de l’ouvrage.
Gestion du sommeil, respect des saisons et de leur rythme « macrocosmique », techniques de souffle : les outils ne manquent pas pour quiconque voudrait renforcer son immunité au quotidien. Véritable mine de conseils pratiques, le livre regorge de techniques, d’exercices ou mouvements, déployant ainsi un arsenal d’idées que tout un chacun peut déployer, très facilement, chez soi – comme « la corbeille à spam », qui propose de vider nos émotions négatives pour regagner de l’espace intérieur, comme on vide la corbeille d’un ordinateur pour libérer de la mémoire… Le dernier chapitre, intitulé « La boîte à trésors », constituera à cet égard une lecture très utile, en insistant sur la méditation ou le concept d’Ikigai, une philosophie de vie importée du Japon.
Écrit à l’été 2019, bien avant le surgissement de cette pandémie, le dernier ouvrage de Michel Odoul n’en résonne donc pas moins d’un écho précieux, en ces temps difficiles. L’auteur le reconnaît lui-même bien volontiers, résumant de la sorte l’épreuve que nous traversons : « La fuite en avant et l’écran de fumée de l’extérieur ne fonctionnent plus. Le confinement est l’occasion de se confronter à quelque chose que l’on a trop souvent tendance à vouloir ignorer : soi-même ». C’est précisément ce à quoi encourage cet ouvrage : renouer avec tous les moyens dont nous disposons, à notre échelle, pour vivre au mieux ce confinement. Bonne nouvelle, c’est largement à notre portée : « Au fond, c’est surtout de confiance en la vie et dans le vivant, dont nous avons besoin aujourd’hui, conclut Michel Odoul. Elle ne se mesure pas avec un scanner, mais cette confiance est quelque chose qui est immuno-renforçant à un point que l’on n’imagine pas ! ».