Dominique Butet : Comment accompagner et méditer avec les enfants pendant le confinement

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Pendant cette période particulière, Dominique Butet, co-autrice de Yupsi le petit dragon, propose aux plus jeunes des exercices de méditation spécifiques, à faire seul ou en famille. Décryptage.

Comment la méditation peut-elle aider les enfants à mieux vivre le confinement ?

En cette période si particulière, les enfants ne vont plus à l’école et n’ont plus d’activités extrascolaires. Leurs repères sont bouleversés. Il est important de les inviter à revenir à l’instant, notamment par des méditations dans qui leur permettent d’être présents à leur corps et à leurs émotions, et de leur montrer comment goûter à la richesse des petites choses du quotidien. Le fait de se retrouver 24 heures sur 24 avec ses frères et sœurs ou ses parents peut aussi générer beaucoup de tensions, des émotions fortes comme la colère ou la peur… Pratiquer la méditation permet de les apprivoiser, c’est-à-dire de les observer pour mieux les connaître. Enfin, rester chez soi peut être vécu comme un moment d’isolement social. C’est donc l’occasion d’essayer de se relier aux autres autrement, en pratiquant des méditations qui ouvrent le cœur.

Quel exercice peuvent-ils pratiquer pour mieux ressentir leur corps et leurs émotions ?

Je propose régulièrement un exercice de marche méditative. L’objectif est de poser l’attention et se rendre compte que celle-ci n’est pas focalisée naturellement, mais qu’elle est attirée par des sons, des pensées.

La méditation se fait debout, les pieds bien ancrés dans le sol, sur cette terre qui nous porte avec générosité. Je propose aux enfants de prendre un petit bol dans lequel je mets 1 à 2 centimètres d’eau et, après avoir donné le signal de départ avec des clochettes, je les invite à marcher à travers l’espace en portant toute leur attention sur l’eau, de manière à ce qu’elle reste, si possible, aussi calme que la surface d’un lac. Puis je les invite à soulever légèrement leurs talons, à décoller leurs pieds et à les faire avancer tranquillement l’un après l’autre, tout en gardant les yeux bien posés sur la surface de l’eau. À un moment donné, si l’eau s’agite un peu trop dans le bol, je les invite à ralentir et je leur demande s’ils ont remarqué qu’ils sont en train de penser à autre chose, si leur attention a été attirée par exemple par la lumière qui traverse la fenêtre ou le bruit d’une voiture qui vient de passer. Je précise toujours que ce n’est pas grave, c’est ainsi que l’esprit fonctionne. Je les invite ensuite à reposer leur attention sur le bol et à poursuivre leur marche.

« Le fait de se retrouver 24 heures sur 24 avec ses frères et sœurs ou ses parents peut aussi générer beaucoup de tensions, des émotions fortes comme la colère ou la peur… Pratiquer la méditation permet de les apprivoiser. »

La méditation dure ainsi cinq minutes environ et se termine au retentissement des clochettes. Nous avons ensuite un temps d’échange. Après avoir félicité les enfants pour avoir été très attentifs, je leur demande s’ils veulent bien partager leurs ressentis, s’ils ont remarqué que leur attention était partie à certains moments. Je leur explique alors que constater le mouvement naturel de l’attention qui est partie et la ramener à un objet, c’est ce qu’on appelle la méditation.

Pour développer l’ouverture du cœur, vous proposez une méditation assise.

Cet exercice, qui dure environ cinq minutes lui aussi, peut se pratiquer assis ou allongé dans son lit, le soir, avant de dormir. Avec les enfants, je le fais plutôt en position assise sur une chaise ou un coussin. Je leur demande de garder le dos le plus droit possible, les épaules relâchées et les mains posées sur les cuisses, sans tension inutile. Pour les aider, j’utilise l’image d’une grande montagne dont la tête touche les nuages, et qui pose symboliquement les yeux sur la terre. Comme elle, je les invite à poser leur regard devant eux. Puis, je demande aux enfants de poser leurs mains ouvertes sur leur cœur et d’imaginer qu’il contient toutes les personnes qui leur manquent pendant le confinement : des copains qu’ils n’ont pas vus depuis longtemps, leurs grands-parents, des cousins… Je les invite ensuite à refermer leurs mains l’une sur l’autre et à les poser sur leur cœur avec délicatesse, d’observer les pulsations du cœur qu’ils peuvent ressentir comme des battements d’amour et de tendresse qui se propagent comme des rayons de soleil en direction des personnes qu’ils aiment. Puis je leur propose de formuler dans leur tête la phrase : « Je vous souhaite beaucoup de bonheur » ou encore « Je vous souhaite d’être en bonne santé ». Ces mots formulés, ils sont conviés à sentir le grand bien-être que leur procure le fait de se sentir connectés aux autres.

Vous souhaitez également partager la pratique de la gratitude pour aider les familles dans leur quotidien. Pouvez-vous la préciser ?

C’est rassurant pour les enfants de conserver pendant cette période des rituels quotidiens. La pratique de la gratitude, qui peut se faire en famille, en est un. Nous avons tous tendance à nous focaliser sur ce qui a été négatif dans notre journée. Ici, l’entraînement consiste à regarder, en fin de journée, ce qui nous a fait du bien. Chaque membre de la famille partage d’abord un moment qui lui apporté du bonheur. Puis, dans un second temps, on note que ce bonheur n’est pas arrivé tout seul, mais grâce à l’acte ou à l’intention de quelqu’un d’autre. Ça peut être la maman qui a offert un chocolat au goûter, un copain qui a envoyé un message, la maîtresse qui a donné des nouvelles par mail… À travers cet exercice, qui permet aux enfants d’exprimer leur gratitude, le confinement peut apporter du bon à toute la famille.

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Sophie Solère

Sophie Solère est une journaliste économique et sociale qui s'intéresse depuis des années à l'environnement et à l'interdépendance. Elle travaille pour Bouddha News, une plateforme de médias dédiée à la spiritualité et à la sagesse bouddhiste. En pratiquant le yoga et la danse méditative, Sophie a découvert le pouvoir des voyages spirituels, qui offrent tant de chemins pour se (re)trouver. Elle se consacre à partager avec les lecteurs de Bouddha News des histoires inspirantes et des conseils précieux sur la pratique spirituelle et l'environnement.

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