Christophe Richard : « La spiritualité permet de donner du sens à notre monde. »

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À une époque où tout va très vite, que peut apporter une pratique spirituelle ? Christophe Richard, pratiquant bouddhiste de la première heure et professeur de philosophie, nous explique les bienfaits de la bienveillance, de la patience et de l’écoute. Et, en quoi la spiritualité diffère-t-elle de la religion, de la philosophie ou du développement personnel.

Comment définissez-vous la spiritualité ?

C’est tout ce qui concerne la vie de l’esprit. Plus particulièrement l’amélioration de soi en dirigeant son esprit plutôt qu’en étant contrôlé par lui. Il y a un monde pour les abeilles, un pour les fourmis, un pour les cachalots, un autre encore pour les humains. Et, à l’intérieur de chaque espèce, chacun a son propre monde. On peut modifier ce dernier en transformant son esprit. Cela ne veut pas dire que les choses tangibles ne sont pas là, mais que je peux changer ma manière de les accueillir, les ressentir, les vivre, car cela ne dépend que de moi. Je peux perdre mon fils, mais cela ne dépend pas de moi. En revanche, mon attitude par rapport à cet événement ne dépendra que de moi. C’est ce que m’enseigne la spiritualité, quelle que soit sa forme. Les religions n’ont pas le monopole de la spiritualité.

Comment la méditation peut-elle modifier notre façon de percevoir le monde ?

La méditation rassemble toutes les pratiques sur l’esprit qui permettent de modifier notre façon de percevoir l’existence. Elle ne s’exerce pas seulement en étant assis – on le fait au début pour s’habituer -, mais dans toutes les postures et moments de la vie quotidienne. La plupart du temps, notre esprit est conditionné par tout un tas de facteurs biologiques, historiques, sociaux, familiaux, psychologiques… On subit le mental et on oublie qu’on peut avoir prise sur lui, même si cela peut demander des années de pratique. Travailler sur l’esprit permet de développer la patience, la compassion, la bienveillance. L’intention ne suffit pas. Il y a de nombreuses techniques qui favorisent cet apprentissage ; si on les pratique aussi souvent que possible dans la rue, au travail, quand on est en famille, notre esprit finit par s’habituer à générer ces émotions positives et cela devient de plus en plus facile et spontané.

Pourquoi la transmission par une personne compétente, un maître, un guide, est-elle importante pour parvenir à conditionner notre esprit ?

Il y a une foultitude de pratiques. Les textes bouddhiques disent qu’il y en a 84 000 différentes, un nombre symbolique. Certaines ont été mises au point par Bouddha, d’autres par des sages en fonction de leur milieu et de l’époque à laquelle ils enseignaient. L’intérêt d’avoir un guide spirituel, c’est qu’il nous connaît bien et choisit ce qui est le plus adapté pour nous. C’est un conseiller, un ami de bien.

Pour viser le bonheur, faut-il se concentrer sur l’essentiel ?

Pour les bouddhistes, suivre la voie du Bouddha permet de cesser de s’identifier à la souffrance morale et à la douleur physique, et d’en finir peu à peu avec le cycle des renaissances. Pour ma part, comme je ne crois pas à ce dernier, je trouve passionnant de chercher à m’améliorer.

« L’intérêt d’avoir un guide spirituel, c’est qu’il nous connaît bien et choisit ce qui est le plus adapté pour nous. C’est un conseiller, un ami de bien. »

Je pars du principe que ma vie n’a aucun sens, aucune direction préétablie. C’est pourquoi je lui donne la direction spirituelle de mon choix. Bien sûr, je me fixe des buts, comme apprendre à contrôler le mental, mais il faut aussi savoir, par moment, cesser de vouloir obtenir quoi que ce soit. Une expression zen japonaise dit qu’il faut agir « sans but ni idée de profit ». C’est une formidable ouverture à ce qui est. C’est en lien avec la notion de vacuité, avec le fait que rien n’existe en soi et par soi, et avec la réalité de l’impermanence.

Selon vous, développement personnel et spirituel diffèrent-ils ?

Le développement personnel est bénéfique quand on souhaite se faire du bien pour sortir du mal-être. Tout est insatisfaction : c’était le point de départ du Bouddha. Au départ, notre démarche est personnelle et tournée vers soi-même, puis très vite, on comprend qu’être bien implique que les autres, nos proches notamment, le soient également. Dans ces conditions, le développement personnel peut déboucher sur le développement spirituel. À condition de suivre une voie authentique. À titre personnel, je préfère par exemple m’engager auprès de guides qui ont reçu une transmission vieille de plusieurs siècles, car cela me paraît plus solide, plus sérieux et plus sûr. Et, j’ai ainsi le sentiment de perdre moins de temps et d’énergie.

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Sophie Solère

Sophie Solère est une journaliste économique et sociale qui s'intéresse depuis des années à l'environnement et à l'interdépendance. Elle travaille pour Bouddha News, une plateforme de médias dédiée à la spiritualité et à la sagesse bouddhiste. En pratiquant le yoga et la danse méditative, Sophie a découvert le pouvoir des voyages spirituels, qui offrent tant de chemins pour se (re)trouver. Elle se consacre à partager avec les lecteurs de Bouddha News des histoires inspirantes et des conseils précieux sur la pratique spirituelle et l'environnement.

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