Vénérable Nyanadharo : Vassa et Kathina, deux moments forts du Theravada

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Chaque année, au début de la saison des pluies, au cours du 8e mois de l’année, les moines de tradition Theravada ainsi que les laïcs qui le souhaitent, adolescents et hommes adultes, peuvent suivre une retraite appelée Vas ou Vassa. C’est le début du carême bouddhique. Il se termine trois mois plus tard, entre la pleine lune d’octobre et celle de novembre, par la fête du Kathina, cérémonie annuelle d’offrande des robes aux moines. Cette période de processions, de festivités et de cérémonies réunit des centaines de milliers de bouddhistes. Le Vénérable Nyanadharo Visuddhinyano du monastère de la forêt de Tournon-sur-Rhône nous éclaire sur ces deux moments clés du Theravada.

D’où provient la tradition de Vassa ou retraite de la saison des pluies ? En quoi consiste-t-elle ?

Vassa signifie pluie. C’est le Bouddha qui décida que la saison des pluies – la mousson – étant une période difficile du point de vue des conditions météorologiques, il était préférable que les moines demeurent dans les monastères pour recevoir des enseignements auprès d’un maître et pour préserver la nature et les cultures. Ainsi, en les consignant de juillet à octobre, ils ne piétinaient plus les rizières, évitaient les animaux dangereux et pouvaient approfondir leur connaissance du bouddhisme afin de le transmettre, plus tard, à leur tour. Le Bouddha recommanda également aux laïcs qui le souhaitaient de profiter de ce moment pour prendre des vœux de moines temporaires afin de se consacrer, pleinement, à la pratique et favoriser leur évolution spirituelle.

Comment se déroule cette retraite pour les moines et les laïcs ?

En plus des enseignements sur la doctrine bouddhique et la méditation, les moines apprennent les techniques de base du yoga, des massages, de la médecine afin de devenir autonomes. En dehors des moments où ils assistent aux enseignements au monastère, les laïcs peuvent suivre cette retraite chez eux. Il leur est alors demandé d’observer les règles suivantes : s’abstenir de consommer de l’alcool, des cigarettes, de la drogue et d’avoir des distractions vaines comme le jeu ; ne pas avoir de relations sexuelles ; ne pas sortir à la tombée de la nuit ; pratiquer la méditation ; être vigilant à leurs paroles : ne pas dire de gros mot, ne pas hausser le ton et ne pas s’énerver. Le non-respect de ces consignes génère des journées de retraite supplémentaires à faire.

La sortie de cette retraite donne lieu à une grande fête de Kathina, ou Kathen, célébrée par les bouddhistes. Quelle en est la signification, et quelles en sont les traditions ?

Le nom Kathina vient d’un mot sanskrit qui signifie « cadre pour tendre le tissu ». C’est la « fête de la robe » car les robes sont offertes aux moines en souvenir de l’offrande qu’avait faite en son temps la mère adoptive au Bouddha, à la fin de la saison des pluies. Pendant cette période, elle avait élevé des vers à soie, puis tissé, cousu et teint une robe pour le Bouddha. Robe qu’il refusa, disant qu’elle devait aller au membre le plus méritant de la communauté. Ce fut le dernier disciple ordonné qui la reçut. Le Bouddha expliqua alors que ce moine était celui qui assurerait la transmission du dhamma et qu’il serait l’incarnation du prochain Bouddha, Maitreya.

Les robes sont offertes aux moines en souvenir de l’offrande qu’avait faite en son temps la mère adoptive au Bouddha, à la fin de la saison des pluies.

Cette tradition se perpétue depuis dans tout monastère constitué de plus de cinq moines. Ces derniers décident à qui la robe offerte par une famille ou par la communauté doit revenir à la fin de la mousson. Accepter de recevoir cette robe signifie aussi qu’on s’engage pour une année de plus. Ainsi, au moment de la fête de Kathina qui marque la fin de Vassa, on offre aux moines quatre choses : une robe, de la nourriture, des matériaux pour réparer l’habitation (ou de l’argent) ainsi que des plantes médicinales.

Cette fête est très importante pour tous les bouddhistes des régions Theravada. Elle est l’occasion de cérémonies, de processions, et réunit beaucoup de monde dans les monastères. À Vientiane, dans la capitale laotienne, au moment de la pleine lune de novembre, ce sont par exemple 500 à 700 000 personnes venues de tout le pays, qui se retrouvent au That Luang (stupa suprême), le monument le plus sacré du pays. Des milliers de moines issus de tous les monastères viennent recevoir des offrandes des fidèles.

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François Leclercq

François Leclercq est le fondateur de Bouddha News, site internet qui a pour but de diffuser des informations et des conseils pratiques sur le bouddhisme et la spiritualité. François Leclercq est né et a grandi à Paris. Il a étudié le bouddhisme à l'Université de Paris-Sorbonne, où il est diplômé en sciences sociales et en psychologie. Après avoir obtenu son diplôme, il s'est consacré à sa passion pour le bouddhisme et a voyagé dans le monde entier pour étudier et découvrir des pratiques différentes. Il a notamment visité le Tibet, le Népal, la Thaïlande, le Japon et la Chine.

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