Aux antipodes de la tendance assez répandue de voir les choses sous un angle négatif, le Bouddha avance qu’il est possible de transformer les éventuels obstacles en atouts. Entre autres moyens, il propose de s’habituer à se réjouir des qualités, coups de chance et succès de soi-même et d’autrui, y compris les personnages parvenus aux plus hauts niveaux spirituels.
Nous concernant, nous nous sentirons plus heureux, et plus sûrs de nous, si nous apprécions ce que nous avons de bien ou de bon. Le champ est large ! Sur le plan intérieur, nous avons tous des qualités, des dons, des talents, des connaissances, des savoir-faire, qui ne demandent qu’à être mis toujours plus en valeur. Regardons aussi de plus près les conditions extérieures. Il est possible que nous bénéficiions d’une famille aimante, d’amis prévenants et dévoués, d’une vie matérielle plutôt confortable, d’activités intéressantes ou lucratives, d’aides sociales, etc. Par exemple, c’est une chance d’être né, ou de vivre, dans un pays en paix, dans un état démocratique, d’avoir accès à l’instruction et aux soins de santé, d’avoir la liberté de se déplacer, de s’exprimer, d’opérer des choix.
Se réjouir des vertus des uns et des autres
Concernant autrui, admirer ses qualités et ses bonheurs a pour premier avantage de nous mettre à l’abri de la jalousie, ce poison corrosif qui trop souvent nous pourrit l’existence. En outre, en cessant d’être un rival, l’autre devient un modèle stimulant. Il nous révèle ce qu’il est possible d’accomplir. Parmi les Trois Joyaux, objets de refuge de la part des bouddhistes, tel est d’ailleurs le rôle du Joyau du Sangha, les compagnons plus avancés sur la voie spirituelle. Pour le pratiquant débutant, ils constituent des exemples à suivre. Ils témoignent par leur vécu des qualités de bienveillance et de sagesse que permet d’épanouir la pratique du Dharma, et ils inspirent l’envie de leur emboîter le pas.
En cessant d’être un rival, l’autre devient un modèle stimulant. Il nous révèle ce qu’il est possible d’accomplir.
Sur le plan du karma, la réjouissance des vertus des uns et des autres est décrite comme source de grands mérites :
– Se réjouir des mérites accumulés par quelqu’un de semblable à soi, du point de vue spirituel, génère des mérites égaux aux siens.
– Se réjouir des mérites accumulés par un personnage doté de qualités supérieures – maître, bouddha, bodhisattva, saint, etc. – produit des mérites moindres que les siens, mais quand même plus grands que ceux dont on est d’ordinaire capable par soi-même.
– Se réjouir des mérites accumulés par quelqu’un d’un niveau spirituel pour le moment moins élevé que soi suscite des mérites… supérieurs aux siens.
Sur le plan concret, un gros avantage de cette pratique de réjouissance est sa simplicité. Elle est accessible à tous, quel que soit l’âge ou le degré d’instruction. Elle n’exige aucun rituel ni décorum. Elle peut se faire debout, couché, assis, dans toutes les circonstances de la vie quotidienne. Elle ne se fonde pas sur une croyance, mais sur l’observation facilement vérifiable par l’expérience, qu’elle apporte détente et bien-être, non seulement à soi, mais aussi à l’entourage