Les oiseaux ne laissent pas de trace dans le ciel… de Danièle Masset

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Le thème de la nature n’est que discrètement présent dans la littérature bouddhique, et ses modulations les plus expressives sont à chercher dans les textes poétiques, dont Danièle Masset propose ici une lecture transversale, limitée au domaine indo-tibétain. Cette lecture se fonde sur l’exploration d’un corpus couvrant plus de deux millénaires, depuis les stances du canon pali jusqu’aux chants de maîtres tibétains tels que Milarépa. La nature mise en scène dans cet ensemble est vue au miroir de conventions religieuses et littéraires, mais elle constitue également un miroir du monde et de la doctrine. Elle inspire de nombreuses images fidèlement transmises au fil du temps. L’étude de ces métamorphoses est l’occasion de mettre en évidence la continuité profonde qui unit les traditions indienne et tibétaine, mais aussi de découvrir, ou de redécouvrir, un rapport à la nature qui n’est plus le nôtre, une connivence dont nous avons perdu le secret.

Extrait de l’introduction :

« Le thème de la nature n’est pas de ceux qui se sont imposés d’emblée aux Occidentaux ayant choisi d’étudier la littérature bouddhique : d’autres sujets religieux, historiques ou philosophiques ont davantage retenu leur attention. Ils ont en cela épousé le point de vue des bouddhistes eux-mêmes, adeptes d’une doctrine dans laquelle ce thème n’a rien de central. Qui plus est, la notion de nature n’a pas d’équivalent exact dans la pensée indienne ancienne, du moins quand on l’aborde comme on le fera ici dans son sens le plus concret, non pas en tant qu’ « ensemble des caractères définissant un être ou un objet » (« nature du feu », « nature humaine »), mais en tant qu’ « ensemble des êtres et des choses constituant l’univers terrestre (1) », au nombre desquels l’homme peut être ou non compris, selon qu’il est ou non posé comme extérieur à cet ensemble. Sur ce point, certains des textes dont il sera question dans cet ouvrage sont aux antipodes de la pensée occidentale moderne, où l’homme est défini comme être de culture plus ou moins dissocié d’une nature qu’il peut dès lors transformer en objet d’étude ou en objet d’amour, en cultivant un « sentiment de la nature » qui n’a rien d’universel, et qui atteste la nostalgie d’une unité dont le secret s’est perdu avec le temps, et dans un contexte culturel spécifique aux sociétés occidentales (2). »


En partenariat avec l’Institut d’Études Bouddhiques (https://bouddhismes.net/)

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Fabrice Groult

Fabrice Groult est un aventurier, photographe et bouddhiste qui parcourt le monde depuis son plus jeune âge. Après avoir étudié le bouddhisme en Inde, il s'est engagé dans un voyage de dix-huit mois à travers l’Asie qui l'a mené jusqu'en Himalaya, où il a découvert sa passion pour la photographie. Depuis, il a parcouru le monde pour capturer des images de beauté et de sagesse bouddhiste. Il a été guide pendant dix ans, et est aujourd'hui journaliste chez Bouddha News.

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