Les Cent Versets de Ding-ri

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Bien qu’écrit au XIe siècle, le texte Les Cent Versets de Ding-ri du maître indien Padampa Sangyé est toujours d’actualité. L’auteur, contemporain de Jetsun Milarépa, prodigue à ses disciples laïcs cent conseils pour les aider à inclure la pratique bouddhiste dans la vie quotidienne.

Les Cent Versets de Ding-ri
Conseils du Vénérable Padampa Sangyé

 

1. Vouez-vous corps, parole et esprit au parfait Dharma ; 
C’est la suprême activité, gens de Ding-ri.

2. Livrez-vous corps et âme _ aux Trois Joyaux, 
Et leur bénédiction se déversera d’elle-même, gens de Ding-ri.

3. Désintéressez-vous de cette vie et intéressez-vous aux prochaines ;
 Il en adviendra l’apogée de vos buts, gens de Ding-ri.

4. La parentèle est éphémère comme une foule sur un marché ;
 Évitez querelles et bagarres, gens de Ding-ri.

5. Aux prêts illusoires que sont biens et richesses,
 Ne vous liez pas par le nœud de l’avarice, gens de Ding-ri.

6. Ce sac de substances fétides qu’est le corps, 
Ne l’astiquez pas par désir de le bonifier, gens de Ding-ri.

7. Envers les trompeurs illusionnistes que sont famille et amis,
Tranchez penchant et attachement, gens de Ding-ri.

8. Pays et terre sont comme des campements de nomades ; 
Ne vous y attachez pas, gens de Ding-ri.

9. Une patrie étant commune aux êtres des six classes, 
Ne la saisissez pas comme « à moi » ou « à soi », gens de Ding-ri.

10. Le matin même de votre naissance, est survenu un signe présage de mort ;
 Soyez conscients que vous ne disposez guère de temps, gens de Ding-ri.

11. Sans distraction, consacrez-vous au parfait Dharma,
 Et après la mort, il vous guidera, gens de Ding-ri.

12. La maturation des karmas est certifiée par la véridicité des causes et résultats ; 
Gardez-vous des fautes et non vertus, gens de Ding-ri.

13. Les pratiques accomplies sont tels des objets (apparus) en rêve ;
 Mettez en pratique le fait qu’il n’est rien (d’absolu) à faire, gens de Ding-ri.

14. Désintéressez-vous de tout ce que à quoi vous êtes attachés ;
 Rien n’est indispensable, gens de Ding-ri.

15. Comme vous ne resterez pas toujours en ce monde, Dès à présent faites les préparatifs de départ, gens de Ding-ri.

16. Dans la forêt, les singes estiment être heureux,
 Mais le feu les cerne en lisière de forêt, gens de Ding-ri.

17. Les fleuves de la naissance, du vieillissement, de la maladie et de la mort sont sans gué ni pont ; 
Dès à présent préparez une barque, gens de Ding-ri.

18. Dans les étroits défilés de la naissance, de la mort et de l’état intermédiaire, 
Les brigands des cinq poisons vont et viennent constamment ;
Cherchez un maître pour vous escorter, gens de Ding-ri.

19. Ce grâce à quoi on ne risque plus de chuter si on s’y agrippe, c’est le maître ; 
Portez-le sans cesse au sommet de votre tête, gens de Ding-ri.

20. Pris en charge par le maître, on parvient à la destination souhaitée ;
 Rétribuez-le de votre foi et respect, gens de Ding-ri.

21. Qui a des richesses est sujet à l’avarice ; 
Faites le don de manière impartiale, gens de Ding-ri.

22. Qui a du pouvoir a des torts ;
 Abandonnez tout désir d’emprise et de pouvoir, gens de Ding-ri.

23. Qui a puissance et richesse n’a pas le bonheur ;
 Gardez les mains (vides) sur la poitrine_, gens de Ding-ri.

24. Dans le monde prochain, parents et amis sont rares ;
 Votre confiance, placez-la en le Dharma, gens de Ding-ri.

25. Sur la route de la distraction, on perd de vue les objectifs à atteindre ;
 Décidez à l’instant de ce que vous voulez, gens de Ding-ri.

26. L’heure d’arrivée du démon de la mort est impossible à prévoir ; 
Aussi tenez-vous sur vos gardes dès à présent, gens de Ding-ri.

27. Le jour de votre mort, nul ne vous sera utile ;
 Aussi sortez vous-mêmes la tête hors de l’eau, gens de Ding-ri.

28. Quand on songe à la mort, on n’a plus besoin de rien ; 
Gardez cela présent à l’esprit, gens de Ding-ri.

29. De même qu’au coucher du soleil les ombres s’allongent, 
Le seigneur de la mort sans cesse se rapproche ;
Hâtez-vous de le fuir, gens de Ding-ri.

30. La fleur est ravissante le matin mais elle se fane le soir ; 
Ne placez pas votre confiance en le corps, gens de Ding-ri.

31. Vivant, il ressemble à un corps de dieu, 
Mort, il est plus effrayant que des hordes de démons ;
 Le corps illusoire vous leurre, gens de Ding-ri.

32. Au marché, les visiteurs se dispersent sitôt les ventes achevées ;
 Vos amis vous quitteront aussi à coup sûr, gens de Ding-ri.

33. L’illusoire pile de pierres (qu’est le corps) doit immanquablement finir par s’ébouler ;
 Dès à présent agencez les supports et liens, gens de Ding-ri.

34. Le vautour de l’esprit doit finir par s’envoler ;
 Dès à présent prenez de la hauteur, gens de Ding-ri.

35. À l’égard des êtres des six mondes, bienveillants pères et mères,
 Cultivez amour et compassion, gens de Ding-ri.

36. Envers les ennemis haineux, qui sont des apparences fausses issues de vos karmas,
 Bannissez aversion et malveillance, gens de Ding-ri.

37. Les prosternations et circumambulations purifient les fautes physiques ;
 Abandonnez les activités de ce monde, gens de Ding-ri.

38. Les récitations et prises de refuge purifient les fautes orales ;
 Gardez-vous des propos ordinaires et stériles, gens de Ding-ri.

39. La foi et la vénération ardentes purifient les fautes mentales ;
 Méditez votre maître au-dessus de votre tête, gens de Ding-ri.

40. Les chairs et les os nés en même temps que vous se disloqueront ;
 Ne croyez pas que votre vie soit éternelle, gens de Ding-ri.

41. Établissez-vous dans le meilleur des pays – le stable état de la nature profonde (de l’esprit) ;
 Il n’y est ni changement ni erreur, gens de Ding-ri.

42. Conservez la meilleure des richesses – le grand trésor de la nature même de l’esprit ;
 Il est inépuisable, gens de Ding-ri.

43. Savourez la meilleure des nourritures – la sublime saveur de la concentration ; 
Elle bannit les affres de la faim, gens de Ding-ri.

44. Buvez le meilleur des breuvages – le nectar de la mémoire ;
 Son flux est ininterrompu, gens de Ding-ri.

45. Cherchez le meilleur des amis – la sagesse supérieure spontanée (ultime) ; 
Vous n’en serez plus jamais séparés, gens de Ding-ri.

46. Cherchez le meilleur des fils – le petit enfant de (la nature ultime de) l’esprit ;
 Il ne naît ni ne meurt, gens de Ding-ri.

47. Au sein du vide, faites tournoyer la lance de l’esprit ; 
Il n’y est pas d’obstacle à la vue (de la vacuité), gens de Ding-ri.

48. Sans (effort de) mémoire et sans distraction, demeurez vigilants ;
 La méditation sera sans mollesse ni dispersion, gens de Ding-ri.

49. Au sein de la spontanéité naturelle, exercez l’art d’être libre d’obstacle ;
 Dans la pratique il n’y est ni accomplissement ni rejet (absolus), gens de Ding-ri.

50. Les quatre Corps indissociables, cherchez-les en votre esprit aperceptif ;
 Envers le fruit, n’ayez ni espoir ni doute, gens de Ding-ri.

51. La racine du samsara et du nirvana se résume à votre esprit perceptif ; 
L’esprit n’a pas de réalité (absolue), gens de Ding-ri.

52. Les apparences d’attachement et aversion sont tel le sillage de l’oiseau, qui ne laisse pas de trace ; 
Ne vous attachez pas à vos ressentis, gens de Ding-ri.

53. Le Dharmakaya sans naissance est telle l’essence du soleil ;
 Sa lumière ne s’allume ni ne s’éteint, gens de Ding-ri.

54. L’ennemi imaginé par la pensée est tel un voleur dans une maison vide ;
 Il n’est aucune richesse à perdre ou à obtenir, gens de Ding-ri.

55. Les sensations ne laissent pas de trace, tels des dessins sur l’eau ; 
Ne vous accrochez pas à ces apparences fallacieuses, gens de Ding-ri.

56. Les souvenirs issus des empreintes sont tels des arcs-en-ciel dans l’azur ;
 Il n’est rien à quoi s’attacher, gens de Ding-ri.

57. La mobilité de (l’esprit) est limpide, comme le soleil sans nuage ;
 N’accordez pas votre confiance à l’esprit, gens de Ding-ri.

58. Il n’est pas de perception (absolue), c’est libre comme le vent ;
 Ne saisissez pas les objets (comme réels), gens de Ding-ri.

59. L’esprit est sans réalité, comme un arc-en-ciel dans l’azur ;
 Ce qui est expérimenté est impalpable, gens de Ding-ri.

60. La compréhension de l’ainsité est comme le rêve du muet ;
 Elle est exempte de mots et de dénominations, gens de Ding-ri.

61. L’éclosion de la réalisation est comme le plaisir de l’enfançon ;
 La joie et le bonheur en sont indicibles, gens de Ding-ri.

62. La luminosité indissociée du vide est comme la lune reflétée dans l’eau ;
 Il n’y est rien qui de palpable à quoi s’attacher, gens de Ding-ri.

63. L’apparence indissociée du vide est comme l’espace vide ; 
L’esprit n’a ni centre ni pourtour, gens de Ding-ri.

64. La mémoire exempte de distraction est comme la jolie fille (fascinée par son image) dans le miroir ;
Elle ne spécule pas, gens de Ding-ri.

65. L’esprit indissocié du vide est comme la forme reflétée dans le miroir ;
 Il n’y est ni naissance ni fin (absolues), gens de Ding-ri.

66. La félicité (qui comprend) le vide est sans saisie, comme le soleil brillant sur la neige ; 
Il n’est rien à appréhender, gens de Ding-ri.

67. Les propos fallacieux s’évanouissent sans trace, comme la déesse écho ;
 Dans les sons, il n’est rien à saisir, gens de Ding-ri.

68. Les mécanismes de bonheur et souffrance sont comme (les sons émanant de) la caisse et les cordes d’un luth ;
 Ils (naissent de) la conjonction de causes et conditions, gens de Ding-ri.

69. La liberté (le vide d’absolu) naturelle du samsâra et du nirvâna est comme un jeu d’enfant ;
 L’esprit n’a ni naissance ni cessation (ultimes), gens de Ding-ri.

70. Profusions internes et externes relèvent de notre propre esprit,
 Comme la glace solide qui fond en eau, gens de Ding-ri.

71. Le mécanisme de l’ignorance est comme une source qui sourd dans un pré ;
 On ne l’enraie pas par le déni, gens de Ding-ri.

72. Les leurres du samsâra et du nirvâna n’ont pas de mots pour être décrits ;
 En tant que recours, le Maître est suprême, gens de Ding-ri.

73. La splendeur innée des cinq Corps est comme voir une île d’or ;
 Ne vous contentez pas d’espérer ou douter, gens de Ding-ri.

74. La vie humaine disponible et qualifiée est comme des gemmes et de l’or ; 
Ne la gaspillez pas de manière insensée, gens de Ding-ri.

75. La pratique du grand véhicule est comme un joyau qui exauce les désirs ;
 Même en la cherchant, la retrouver serait difficile, gens de Ding-ri.

76. Pour cette vie, de toute façon, il y a de quoi manger et se vêtir ;
 Concentrez tout votre intérêt sur le Dharma, gens de Ding-ri.

77. Tant que vous êtes jeunes, pratiquez les ascèses, 
Car devenus vieux, votre organisme ne le supportera plus, gens de Ding-ri.

78. Quand des facteurs perturbateurs surgissent, appliquez leurs antidotes,
 Et leurs caractéristiques se dissiperont, gens de Ding-ri.

79. Parfois songez aux souffrances du samsara ;
 Cela avive la foi, gens de Ding-ri.

80. C’est maintenant qu’il faut générer de l’enthousiasme et vous mettre en sûreté,
 Car (sinon) vous ne saurez pas où vous renaîtrez après votre mort, gens de Ding-ri.

81. La vie est fugace, comme la rosée sur un brin d’herbe ; 
Bannissez paresse et indolence, gens de Ding-ri.

82. L’Enseignement du Bouddha est comme le soleil qui perce les nuages ;
 C’est maintenant qu’il brille, gens de Ding-ri.

83. Alors qu’on s’imagine que bonheurs et souffrances sont dus aux autres ;
 Leurs causes premières sont en soi, gens de Ding-ri.

84. Sous l’impulsion de la foi, la voie est toute proche ;
 Songez aux maux du samsara, gens de Ding-ri.

85. Fréquenter de mauvais amis conduit aux mauvaises conduites ;
 Abandonnez les amis pernicieux, gens de Ding-ri.

86. Fréquenter de bons amis suscite l’avènement de qualités ;
 Frayez avec des amis vertueux, gens de Ding-ri.

87. Hypocrisie, duperie et mensonges leurrent tant soi qu’autrui ;
 Cherchez caution en votre conscience, gens de Ding-ri.

88. L’ignorance est la racine des démons de l’erreur ; 
Tenez-vous à la vigilance et à la mémoire, gens de Ding-ri.

89. Vaincre les cinq ou trois poisons_ rapproche (du but) de la voie ;
 Appliquez leurs antidotes à votre esprit, gens de Ding-ri.

90. Avec un enthousiasme qui manque de force, on ne devient pas bouddha ; 
Prenez soin de revêtir cette armure, gens de Ding-ri.

91. Ressasser les souvenirs (empreintes) fait remonter les désirs ;
 Ne vous raccrochez pas au passé, gens de Ding-ri

92. Si vos compréhensions et réalisations sont faibles, invoquez (les Maîtres et Bouddhas), 
Et les réalisations apparaîtront en vous, gens de Ding-ri.

93. Si vous souhaitez être heureux dans le futur, développez l’endurance,
 Et la bouddhéité sera imminente, gens de Ding-ri.

94. La rencontre du matin présageant la séparation, 
Rencontres et séparations affectent l’esprit, gens de Ding-ri.

95. La plupart de vos compagnons sont partis vers leurs vies suivantes ;
 Amis, avez-vous fait vos préparatifs, gens de Ding-ri ?

96. Toutes les souffrances découlent d’actes mauvais ;
 Bannissez jusqu’aux moindres fautes, gens de Ding-ri.

97. Tous les bonheurs procèdent d’actes vertueux ;
 Accomplissez jusqu’aux moindres vertus, gens de Ding-ri.

98. Des causes bonnes et mauvaises résultent les bonheurs et souffrances ;
 Rejetez le mal et accomplissez le bien, gens de Ding-ri.

99. Le maître indien (que je suis) sans rester à Ding-ri va partir ;
 C’est le moment d’élucider vos doutes, gens de Ding-ri.

100. Quant à moi, j’ai pratiqué sans aucune distraction. 
Vous aussi suivez cet exemple, gens de Ding-ri.

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François Leclercq

François Leclercq est le fondateur de Bouddha News, site internet qui a pour but de diffuser des informations et des conseils pratiques sur le bouddhisme et la spiritualité. François Leclercq est né et a grandi à Paris. Il a étudié le bouddhisme à l'Université de Paris-Sorbonne, où il est diplômé en sciences sociales et en psychologie. Après avoir obtenu son diplôme, il s'est consacré à sa passion pour le bouddhisme et a voyagé dans le monde entier pour étudier et découvrir des pratiques différentes. Il a notamment visité le Tibet, le Népal, la Thaïlande, le Japon et la Chine.

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