Les Cent Versets de Ding-ri
Conseils du Vénérable Padampa Sangyé
1. Vouez-vous corps, parole et esprit au parfait Dharma ; C’est la suprême activité, gens de Ding-ri.
2. Livrez-vous corps et âme _ aux Trois Joyaux, Et leur bénédiction se déversera d’elle-même, gens de Ding-ri.
3. Désintéressez-vous de cette vie et intéressez-vous aux prochaines ; Il en adviendra l’apogée de vos buts, gens de Ding-ri.
4. La parentèle est éphémère comme une foule sur un marché ; Évitez querelles et bagarres, gens de Ding-ri.
5. Aux prêts illusoires que sont biens et richesses, Ne vous liez pas par le nœud de l’avarice, gens de Ding-ri.
6. Ce sac de substances fétides qu’est le corps, Ne l’astiquez pas par désir de le bonifier, gens de Ding-ri.
7. Envers les trompeurs illusionnistes que sont famille et amis, Tranchez penchant et attachement, gens de Ding-ri.
8. Pays et terre sont comme des campements de nomades ; Ne vous y attachez pas, gens de Ding-ri.
9. Une patrie étant commune aux êtres des six classes, Ne la saisissez pas comme « à moi » ou « à soi », gens de Ding-ri.
10. Le matin même de votre naissance, est survenu un signe présage de mort ; Soyez conscients que vous ne disposez guère de temps, gens de Ding-ri.
11. Sans distraction, consacrez-vous au parfait Dharma, Et après la mort, il vous guidera, gens de Ding-ri.
12. La maturation des karmas est certifiée par la véridicité des causes et résultats ; Gardez-vous des fautes et non vertus, gens de Ding-ri.
13. Les pratiques accomplies sont tels des objets (apparus) en rêve ; Mettez en pratique le fait qu’il n’est rien (d’absolu) à faire, gens de Ding-ri.
14. Désintéressez-vous de tout ce que à quoi vous êtes attachés ; Rien n’est indispensable, gens de Ding-ri.
15. Comme vous ne resterez pas toujours en ce monde, Dès à présent faites les préparatifs de départ, gens de Ding-ri.
16. Dans la forêt, les singes estiment être heureux, Mais le feu les cerne en lisière de forêt, gens de Ding-ri.
17. Les fleuves de la naissance, du vieillissement, de la maladie et de la mort sont sans gué ni pont ; Dès à présent préparez une barque, gens de Ding-ri.
18. Dans les étroits défilés de la naissance, de la mort et de l’état intermédiaire, Les brigands des cinq poisons vont et viennent constamment ; Cherchez un maître pour vous escorter, gens de Ding-ri.
19. Ce grâce à quoi on ne risque plus de chuter si on s’y agrippe, c’est le maître ; Portez-le sans cesse au sommet de votre tête, gens de Ding-ri.
20. Pris en charge par le maître, on parvient à la destination souhaitée ; Rétribuez-le de votre foi et respect, gens de Ding-ri.
21. Qui a des richesses est sujet à l’avarice ; Faites le don de manière impartiale, gens de Ding-ri.
22. Qui a du pouvoir a des torts ; Abandonnez tout désir d’emprise et de pouvoir, gens de Ding-ri.
23. Qui a puissance et richesse n’a pas le bonheur ; Gardez les mains (vides) sur la poitrine_, gens de Ding-ri.
24. Dans le monde prochain, parents et amis sont rares ; Votre confiance, placez-la en le Dharma, gens de Ding-ri.
25. Sur la route de la distraction, on perd de vue les objectifs à atteindre ; Décidez à l’instant de ce que vous voulez, gens de Ding-ri.
26. L’heure d’arrivée du démon de la mort est impossible à prévoir ; Aussi tenez-vous sur vos gardes dès à présent, gens de Ding-ri.
27. Le jour de votre mort, nul ne vous sera utile ; Aussi sortez vous-mêmes la tête hors de l’eau, gens de Ding-ri.
28. Quand on songe à la mort, on n’a plus besoin de rien ; Gardez cela présent à l’esprit, gens de Ding-ri.
29. De même qu’au coucher du soleil les ombres s’allongent, Le seigneur de la mort sans cesse se rapproche ; Hâtez-vous de le fuir, gens de Ding-ri.
30. La fleur est ravissante le matin mais elle se fane le soir ; Ne placez pas votre confiance en le corps, gens de Ding-ri.
31. Vivant, il ressemble à un corps de dieu, Mort, il est plus effrayant que des hordes de démons ; Le corps illusoire vous leurre, gens de Ding-ri.
32. Au marché, les visiteurs se dispersent sitôt les ventes achevées ; Vos amis vous quitteront aussi à coup sûr, gens de Ding-ri.
33. L’illusoire pile de pierres (qu’est le corps) doit immanquablement finir par s’ébouler ; Dès à présent agencez les supports et liens, gens de Ding-ri.
34. Le vautour de l’esprit doit finir par s’envoler ; Dès à présent prenez de la hauteur, gens de Ding-ri.
35. À l’égard des êtres des six mondes, bienveillants pères et mères, Cultivez amour et compassion, gens de Ding-ri.
36. Envers les ennemis haineux, qui sont des apparences fausses issues de vos karmas, Bannissez aversion et malveillance, gens de Ding-ri.
37. Les prosternations et circumambulations purifient les fautes physiques ; Abandonnez les activités de ce monde, gens de Ding-ri.
38. Les récitations et prises de refuge purifient les fautes orales ; Gardez-vous des propos ordinaires et stériles, gens de Ding-ri.
39. La foi et la vénération ardentes purifient les fautes mentales ; Méditez votre maître au-dessus de votre tête, gens de Ding-ri.
40. Les chairs et les os nés en même temps que vous se disloqueront ; Ne croyez pas que votre vie soit éternelle, gens de Ding-ri.
41. Établissez-vous dans le meilleur des pays – le stable état de la nature profonde (de l’esprit) ; Il n’y est ni changement ni erreur, gens de Ding-ri.
42. Conservez la meilleure des richesses – le grand trésor de la nature même de l’esprit ; Il est inépuisable, gens de Ding-ri.
43. Savourez la meilleure des nourritures – la sublime saveur de la concentration ; Elle bannit les affres de la faim, gens de Ding-ri.
44. Buvez le meilleur des breuvages – le nectar de la mémoire ; Son flux est ininterrompu, gens de Ding-ri.
45. Cherchez le meilleur des amis – la sagesse supérieure spontanée (ultime) ; Vous n’en serez plus jamais séparés, gens de Ding-ri.
46. Cherchez le meilleur des fils – le petit enfant de (la nature ultime de) l’esprit ; Il ne naît ni ne meurt, gens de Ding-ri.
47. Au sein du vide, faites tournoyer la lance de l’esprit ; Il n’y est pas d’obstacle à la vue (de la vacuité), gens de Ding-ri.
48. Sans (effort de) mémoire et sans distraction, demeurez vigilants ; La méditation sera sans mollesse ni dispersion, gens de Ding-ri.
49. Au sein de la spontanéité naturelle, exercez l’art d’être libre d’obstacle ; Dans la pratique il n’y est ni accomplissement ni rejet (absolus), gens de Ding-ri.
50. Les quatre Corps indissociables, cherchez-les en votre esprit aperceptif ; Envers le fruit, n’ayez ni espoir ni doute, gens de Ding-ri.
51. La racine du samsara et du nirvana se résume à votre esprit perceptif ; L’esprit n’a pas de réalité (absolue), gens de Ding-ri.
52. Les apparences d’attachement et aversion sont tel le sillage de l’oiseau, qui ne laisse pas de trace ; Ne vous attachez pas à vos ressentis, gens de Ding-ri.
53. Le Dharmakaya sans naissance est telle l’essence du soleil ; Sa lumière ne s’allume ni ne s’éteint, gens de Ding-ri.
54. L’ennemi imaginé par la pensée est tel un voleur dans une maison vide ; Il n’est aucune richesse à perdre ou à obtenir, gens de Ding-ri.
55. Les sensations ne laissent pas de trace, tels des dessins sur l’eau ; Ne vous accrochez pas à ces apparences fallacieuses, gens de Ding-ri.
56. Les souvenirs issus des empreintes sont tels des arcs-en-ciel dans l’azur ; Il n’est rien à quoi s’attacher, gens de Ding-ri.
57. La mobilité de (l’esprit) est limpide, comme le soleil sans nuage ; N’accordez pas votre confiance à l’esprit, gens de Ding-ri.
58. Il n’est pas de perception (absolue), c’est libre comme le vent ; Ne saisissez pas les objets (comme réels), gens de Ding-ri.
59. L’esprit est sans réalité, comme un arc-en-ciel dans l’azur ; Ce qui est expérimenté est impalpable, gens de Ding-ri.
60. La compréhension de l’ainsité est comme le rêve du muet ; Elle est exempte de mots et de dénominations, gens de Ding-ri.
61. L’éclosion de la réalisation est comme le plaisir de l’enfançon ; La joie et le bonheur en sont indicibles, gens de Ding-ri.
62. La luminosité indissociée du vide est comme la lune reflétée dans l’eau ; Il n’y est rien qui de palpable à quoi s’attacher, gens de Ding-ri.
63. L’apparence indissociée du vide est comme l’espace vide ; L’esprit n’a ni centre ni pourtour, gens de Ding-ri.
64. La mémoire exempte de distraction est comme la jolie fille (fascinée par son image) dans le miroir ; Elle ne spécule pas, gens de Ding-ri.
65. L’esprit indissocié du vide est comme la forme reflétée dans le miroir ; Il n’y est ni naissance ni fin (absolues), gens de Ding-ri.
66. La félicité (qui comprend) le vide est sans saisie, comme le soleil brillant sur la neige ; Il n’est rien à appréhender, gens de Ding-ri.
67. Les propos fallacieux s’évanouissent sans trace, comme la déesse écho ; Dans les sons, il n’est rien à saisir, gens de Ding-ri.
68. Les mécanismes de bonheur et souffrance sont comme (les sons émanant de) la caisse et les cordes d’un luth ; Ils (naissent de) la conjonction de causes et conditions, gens de Ding-ri.
69. La liberté (le vide d’absolu) naturelle du samsâra et du nirvâna est comme un jeu d’enfant ; L’esprit n’a ni naissance ni cessation (ultimes), gens de Ding-ri.
70. Profusions internes et externes relèvent de notre propre esprit, Comme la glace solide qui fond en eau, gens de Ding-ri.
71. Le mécanisme de l’ignorance est comme une source qui sourd dans un pré ; On ne l’enraie pas par le déni, gens de Ding-ri.
72. Les leurres du samsâra et du nirvâna n’ont pas de mots pour être décrits ; En tant que recours, le Maître est suprême, gens de Ding-ri.
73. La splendeur innée des cinq Corps est comme voir une île d’or ; Ne vous contentez pas d’espérer ou douter, gens de Ding-ri.
74. La vie humaine disponible et qualifiée est comme des gemmes et de l’or ; Ne la gaspillez pas de manière insensée, gens de Ding-ri.
75. La pratique du grand véhicule est comme un joyau qui exauce les désirs ; Même en la cherchant, la retrouver serait difficile, gens de Ding-ri.
76. Pour cette vie, de toute façon, il y a de quoi manger et se vêtir ; Concentrez tout votre intérêt sur le Dharma, gens de Ding-ri.
77. Tant que vous êtes jeunes, pratiquez les ascèses, Car devenus vieux, votre organisme ne le supportera plus, gens de Ding-ri.
78. Quand des facteurs perturbateurs surgissent, appliquez leurs antidotes, Et leurs caractéristiques se dissiperont, gens de Ding-ri.
79. Parfois songez aux souffrances du samsara ; Cela avive la foi, gens de Ding-ri.
80. C’est maintenant qu’il faut générer de l’enthousiasme et vous mettre en sûreté, Car (sinon) vous ne saurez pas où vous renaîtrez après votre mort, gens de Ding-ri.
81. La vie est fugace, comme la rosée sur un brin d’herbe ; Bannissez paresse et indolence, gens de Ding-ri.
82. L’Enseignement du Bouddha est comme le soleil qui perce les nuages ; C’est maintenant qu’il brille, gens de Ding-ri.
83. Alors qu’on s’imagine que bonheurs et souffrances sont dus aux autres ; Leurs causes premières sont en soi, gens de Ding-ri.
84. Sous l’impulsion de la foi, la voie est toute proche ; Songez aux maux du samsara, gens de Ding-ri.
85. Fréquenter de mauvais amis conduit aux mauvaises conduites ; Abandonnez les amis pernicieux, gens de Ding-ri.
86. Fréquenter de bons amis suscite l’avènement de qualités ; Frayez avec des amis vertueux, gens de Ding-ri.
87. Hypocrisie, duperie et mensonges leurrent tant soi qu’autrui ; Cherchez caution en votre conscience, gens de Ding-ri.
88. L’ignorance est la racine des démons de l’erreur ; Tenez-vous à la vigilance et à la mémoire, gens de Ding-ri.
89. Vaincre les cinq ou trois poisons_ rapproche (du but) de la voie ; Appliquez leurs antidotes à votre esprit, gens de Ding-ri.
90. Avec un enthousiasme qui manque de force, on ne devient pas bouddha ; Prenez soin de revêtir cette armure, gens de Ding-ri.
91. Ressasser les souvenirs (empreintes) fait remonter les désirs ; Ne vous raccrochez pas au passé, gens de Ding-ri
92. Si vos compréhensions et réalisations sont faibles, invoquez (les Maîtres et Bouddhas), Et les réalisations apparaîtront en vous, gens de Ding-ri.
93. Si vous souhaitez être heureux dans le futur, développez l’endurance, Et la bouddhéité sera imminente, gens de Ding-ri.
94. La rencontre du matin présageant la séparation, Rencontres et séparations affectent l’esprit, gens de Ding-ri.
95. La plupart de vos compagnons sont partis vers leurs vies suivantes ; Amis, avez-vous fait vos préparatifs, gens de Ding-ri ?
96. Toutes les souffrances découlent d’actes mauvais ; Bannissez jusqu’aux moindres fautes, gens de Ding-ri.
97. Tous les bonheurs procèdent d’actes vertueux ; Accomplissez jusqu’aux moindres vertus, gens de Ding-ri.
98. Des causes bonnes et mauvaises résultent les bonheurs et souffrances ; Rejetez le mal et accomplissez le bien, gens de Ding-ri.
99. Le maître indien (que je suis) sans rester à Ding-ri va partir ; C’est le moment d’élucider vos doutes, gens de Ding-ri.
100. Quant à moi, j’ai pratiqué sans aucune distraction. Vous aussi suivez cet exemple, gens de Ding-ri.