Si le nom « Bouddha » désigne communément un moine indien du VIe-Ve siècle, fondateur de ce qu’il convient d’appeler le bouddhisme, il ne s’agit pas pour autant d’un nom propre, ni d’ailleurs d’un titre, mais d’un qualificatif, un adjectif formé à partir de la racine verbale « budh » qui signifie le fait de se réveiller, d’être réveillé ou encore de réveiller. De là découlent d’autres sens apparentés comme l’intelligence (buddhi) ou l’éveil (bodhi).
Le « Buddha » n’est donc pas tant l’Éveillé que « celui qui n’est qu’Éveil ».
Buddha est ainsi « budh+ta », c’est-à-dire celui que l’on qualifie d’« Éveillé ». Or, on pourrait croire que sous cette qualification d’Éveillé est signifiée d’une personne qu’elle possède, parmi d’autres qualités, l’attribut d’être éveillé. Seulement, dans la grammaire sanskrite, l’ajout du suffixe « -ta » à une racine verbale lui donne un sens particulièrement fort, quasi absolu, au point d’en faire l’unique détermination. Ainsi, dire d’un être qu’il est « buddha » ne revient pas à lui attribuer une qualité, mais à dire de lui qu’il n’est que cette qualité. En d’autres termes, le buddha n’est donc pas tant l’Éveillé que « celui qui n’est qu’Éveil ». C’est comme s’il disparaissait en tant que sujet particulier, dont on peut dire ceci ou cela, pour n’être plus qu’une présence radicale, alerte et ouverte. Il n’est même pas l’incarnation de cette « présence », ce qui relève davantage de la façon chrétienne de penser car il n’est que présence