Les arts asiatiques brillent à nouveau au musée Cernuschi

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C’était un événement très attendu de tous ceux, nombreux, qui aiment l’Asie. Le 4 mars dernier, après un chantier de près de 9 mois (1), « Cernuschi », le Musée de légende des Arts de l’Asie de la Ville de Paris, a rouvert ses portes. Consacré aux arts asiatiques, et plus spécifiquement à ceux de l’Extrême-Orient : Chine, Japon, Corée et Vietnam, c’est le deuxième musée à leur être dédié en France, derrière le Musée Guimet, et le cinquième centré sur l’art chinois en Europe avec plus de 15 000 œuvres répertoriées.

Le musée Cernuschi (voir encadré) s’est refait une beauté. Disons-le tout de suite, le résultat est une réussite ! Après les liftings des années 1962 et 2001-2005, il s’est fait moderne et majestueux, tout en revenant avec fierté sur son riche passé ! Les travaux qui viennent de prendre fin ont permis de réorganiser la scénographie du musée tout en l’accompagnant d’une importante campagne de restauration des collections. Pour Eric Lefebvre, le directeur du musée, la visite est d’abord envisagée comme « une invitation au voyage », respectant en cela l’esprit de son fondateur. C’est également un retour aux sources du japonisme, mouvement artistique influencé par la civilisation et l’art japonais à la mode en France à la fin du XIXe siècle.

Comme dans un temple bouddhiste

Le visiteur découvre en haut du monumental escalier de cet hôtel particulier la présentation de la collection initiée par Henri Cernuschi (1821-1896) lors de son séjour en Asie entre 1871 et 1873. Le directeur du musée souligne que la couleur des murs, un rouge-bordeaux très doux, a été choisie « pour rappeler la muséographie du XIXe siècle, mais aussi la couleur des temples bouddhiques que l’on peut visiter au Japon, en Chine, au Tibet. » S’il est une pièce qui attire le visiteur comme un aimant, c’est bien la salle centrale où trône, majestueuse, l’imposante statue du Bouddha Amida (Amitabha), l’un des chefs-d’œuvre de la collection du musée. Datée du XVIIIe siècle et haute de plus de quatre mètres, cette représentation du Bouddha Amida (voir encadré) compte parmi les plus grandes statues japonaises en bronze hors du pays du Soleil levant. Découvrant cette statue dans son nouvel écrin, le visiteur est d’emblée transporté dans un temple bouddhique.

Le musée propose, entre autres, un retour aux sources du japonisme, mouvement artistique influencé par la civilisation et l’art japonais à la mode en France à la fin du XIXe siècle.

Après avoir monté les quelques marches situées sous le Bouddha, une magnifique perspective s’offre alors à sa vue. La verrière donnant sur le parc Monceau évoque le temple japonais du Byodoin. La statue d’Amida contemple les splendeurs du jardin depuis les ouvertures prévues à cet effet. Dans cette atmosphère recueillie, on s’attend presque à voir apparaître des moines venant rendre hommage à ce Bouddha Amida Parisien…

La Chine et ses voisins de siècle en siècle

La nouvelle scénographie invite le visiteur à se plonger ensuite dans les arts de la Chine, considérés dans leur continuité, depuis la Préhistoire jusqu’au XXIe siècle. Le parcours chronologique qui accompagne l’évolution culturelle et artistique de l’Empire du Milieu est ponctué de moments dévolus aux autres aires culturelles majeures de la collection, la Corée, le Japon et le Vietnam.

L’une de ses plus belles pièces est le vase You dit « La Tigresse ». Gilles Béguin, l’un des précédents directeurs du musée, le décrivait en plaisantant comme étant « la Joconde de Cernuschi ». Daté de la première moitié du XIe siècle avant J.-C., ce vase représente un félin, gueule ouverte, enserrant un être humain contre lui. Dans son nouvel environnement tout en lumière et transparence, ce vase-animal fantasmagorique intrigue et captive l’attention du visiteur.

Des racines aux floraisons de l’art aujourd’hui

Si le musée Cernuschi a été fondé à la fin du XIXe siècle, il est aujourd’hui ancré dans son temps. À cette fin, il propose des œuvres contemporaines d’artistes venus d’Asie. Au terme du parcours, une nouvelle pièce intitulée « Salle des peintures », a été pensée afin de présenter au public, sur un rythme de quatre rotations chaque année, une cinquantaine d’œuvres d’arts graphiques (peintures sur papier ou sur soie, mais aussi éventails et paravents) extrêmement fragiles issues de la riche collection d’arts graphiques du musée.

Le second aspect de cette entrée réussie dans le XXIe siècle est la médiation numérique qui accompagne le « pèlerin » tout au long de son voyage.  Ainsi, à l’aide de tablettes tactiles réparties tout au long du parcours, le visiteur peut accéder à toutes sortes de contenus : modélisation 3D, agrandissements de détails, présentation d’œuvres fragiles ou surdimensionnées… Une application « qui donne toutes les clés pour comprendre l’Asie d’hier et d’aujourd’hui », précise Eric Lefebvre, devrait bientôt être disponible proposant deux parcours de visite « chefs-d’œuvre » de 45 minutes à 1h30.

Un proverbe tibétain dit que : « Le voyage est un retour vers l’essentiel ». Voilà ce que propose dorénavant le musée Cernuschi. N’oubliez pas votre passeport !

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Fabrice Groult

Fabrice Groult est un aventurier, photographe et bouddhiste qui parcourt le monde depuis son plus jeune âge. Après avoir étudié le bouddhisme en Inde, il s'est engagé dans un voyage de dix-huit mois à travers l’Asie qui l'a mené jusqu'en Himalaya, où il a découvert sa passion pour la photographie. Depuis, il a parcouru le monde pour capturer des images de beauté et de sagesse bouddhiste. Il a été guide pendant dix ans, et est aujourd'hui journaliste chez Bouddha News.

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