Cher lecteur, avouez-le, vous avez rêvé au moins une fois d’être une petite souris pour pouvoir discrètement observer ce qui se dit ou ce qui se passe en votre absence, non ? Eh bien, David Michie l’a fait. Il l’a fait, non pas sous la forme d’une petite souris qui risque toujours de se faire croquer par un matou de passage, mais sous l’apparence d’un félin. Et pas n’importe lequel, le chat du Dalaï-Lama, rien que ça ! C’est ce chat qui nous raconte ce dont il est témoin.
Arrivé chaton, le minet grandit dans l’entourage de celui que certains considèrent comme un Bouddha vivant et nous livre un point de vue espiègle sur le quotidien de ce grand maître. Chaque rencontre sert de cadre à de profondes leçons de sagesse, douze au total (autant de chapitres), grâce auxquelles l’auteur aborde des éléments essentiels de la sagesse bouddhique tels que l’amour, la relation de maître à disciple, comment se libérer de ses peurs et gérer sa colère, l’impermanence, l’importance d’être « présent » (pleine conscience), ou encore comment abandonner ce « je » qui nous empoisonne la vie depuis si longtemps.
Tout être aspire au bonheur. Comme notre guide à quatre pattes nous l’indique, le travail ne peut être fait que par soi-même, et c’est à nous de découvrir les façons de le faire, en cohérence avec la personne que nous sommes. Néanmoins, Mister Matou rappelle au passage quelques principes fondamentaux, notamment le fait qu’il y ait deux sources de bonheur principales : la première qui consiste à cultiver le désir de faire le bonheur des êtres, ce que les bouddhistes appellent l’amour ; et, la seconde, l’aspiration à aider les autres à se défaire de leurs souffrances, en développant la compassion. Il souligne également combien il est essentiel que nous ayons une bonne estime de soi, car se laisser aller relève, en définitive, plus d’une forme de paresse intérieure que d’autre chose.
Les témoignages rapportés par le chat sont ceux que l’on expérimente (trois fois hélas…) facilement au quotidien. Cet ouvrage n’est pourtant jamais moralisateur, au contraire, il est joliment écrit, plein d’humour et dénote chez son auteur une profonde connaissance des enseignements du Bouddha. Il rappelle également que le bouddhisme n’a pour seule ambition que de donner des outils aux êtres afin qu’ils puissent réaliser un bonheur véritable. Il peut se lire et se relire, chaque lecture permet d’approfondir sa connaissance des fondements du bouddhisme. En ces temps troublés où l’on voit l’intolérance, les extrémismes de tous poils prendre de plus en plus le pas sur le vivre ensemble, cet ouvrage fait du bien. Un cadeau pour soi, comme pour les autres, une lecture qui devrait être reconnue « d’utilité publique »