C’est en 1977, à l’âge de 25 ans, que Jeanne Mascolo de Filippis a entrepris son premier grand voyage, « par la route en stop, depuis la porte d’Orléans jusqu’à l’Himalaya, en compagnie d’un ami ». Dix ans après avoir lu une Parisienne à Lhassa. Un voyage qui, dit-elle, a transformé sa vie. À Dharamsala, elle rencontre des Tibétains en exil. De retour en France, elle devient accompagnatrice de voyages organisés. Son premier voyage, en 1978 avec Nouvelles Frontières, a pour cadre le Ladakh. « J’étais fascinée par cette région du nord de l’Inde, par ses paysages lunaires avec ses chortens stylisés », confie-t-elle. Pendant dix ans, elle arpente les vallées himalayennes, du Ladakh au Népal et au Tibet en passant par l’Inde, le Sikkim et le Bhoutan. Au milieu des années 1980, elle s’inscrit aux Langues O, suit, pendant deux ans, des cours de Tibétain et apprend, ainsi, à mieux connaître la culture du Toit du monde. D’abord consultante pour des équipes de tournages télévisés, elle devient ensuite assistante réalisatrice puis réalisatrice.
Son premier documentaire, en 1992, consacré à Alexandra David-Neel, rafle huit prix internationaux. Elle a réalisé depuis une quarantaine de documentaires, dont des films animaliers tournés dans l’Himalaya, plusieurs autres au et sur le Bhoutan, et des portraits, dont un consacré à Matthieu Ricard, et un autre à Edgar Morin.
Une bouddhiste de cœur
C’est en 1977, à Dharamsala, en Inde, qu’elle rencontre le bouddhisme pour la première fois. En 1978 au Zanskar, elle assiste ensuite à un rassemblement extraordinaire, comme sorti d’un rêve. « L’enseignement du Kalachakra donné par le Dalaï-Lama, dans l’immense plaine de Padum, m’a marquée à tout jamais, tant du fait de la ferveur d’une population venue de toutes les vallées environnantes que par ces rencontres vécues à 3600 mètres d’altitude dans un paysage lunaire extraordinaire », souligne-t-elle. Une atmosphère envoûtante qui a participé à sa « conversion » à cet art de vivre.
« Les principes du bouddhisme m’ont confortée dans mes choix de vie intuitifs : tracer ma voie en autodidacte, de manière altruiste, en ayant conscience que nous sommes les seuls responsables de nos actes. »
Jeanne Mascolo de Filippis se dit avant tout « bouddhiste de cœur ». Elle assiste parfois à des enseignements au gré des événements et de ses rencontres. L’école des nygmapas est celle qui l’attire le plus, et sa rencontre avec Dilgo Khyentse Rinpoché, l’ancien maître de Matthieu Ricard, l’une des plus belles qu’elle n’ait jamais faites.
« À mon humble niveau, je pratique aussi souvent que possible la méditation, cet entraînement, cette gymnastique de l’esprit comme on entraîne son corps, à partir de ce que m’a transmis mon ami Matthieu Ricard : « ne pas sous-estimer la capacité de son esprit ».
Attirée par cette science de l’esprit, elle dit y recourir à chaque moment de doute, à chaque angoisse liée au quotidien, en puisant dans les textes et les livres les explications, les mots qui répondent à ses interrogations, et lui apportent le calme et, progressivement, la transformation de l’esprit. « Les principes du bouddhisme m’aident à vivre. Ils m’ont confortée dans mes choix de vie intuitifs : tracer ma voie en autodidacte, de manière altruiste, en ayant conscience que nous sommes les seuls responsables de nos actes, et sans se laisser tromper par les apparences »