Lama Cheuky Sèngué : « Dans la culture occidentale, le livre se révèle très important dans la transmission. »

- par Henry Oudin

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Lama Cheuky Sèngué a découvert la tradition kagyu en 1976, par l’intermédiaire de Kalou Rinpoché. Sa rencontre avec son maître, Bokar Rinpoché, lors d’une retraite quelques années plus tard, l’a profondément marqué. Interprète et traducteur de maîtres tibétains, Lama Cheuky Sèngué est aussi devenu éditeur (Claire Lumière). Une manière, pour lui, de transmettre les enseignements.

Dans quelles circonstances avez-vous rencontré le bouddhisme ? 

C’était en 1976. Professeur de lettres, j’habitais près de Paris et je m’intéressais aux spiritualités en général. J’avais reçu une éducation catholique et je lisais beaucoup d’ouvrages sur les différentes traditions. Des amis m’ont proposé d’aller voir un lama tibétain, Kalou Rinpoché, en Bourgogne. J’ai saisi l’occasion.

Ce n’est pas le bouddhisme qui m’intéressait en particulier, mais plutôt la personnalité de Kalou Rinpoché. Plutôt qu’une approche intellectuelle, c’est la rencontre d’une personne. C’était quelqu’un d’une grande sagesse, simple, qui diffusait une grande lumière, une certitude et beaucoup d’amour. J’ai commencé rapidement à pratiquer à Paris, au centre Kagyu-Dzong, avec Lama Gyourmé.

Vous avez commencé une retraite de trois ans, en 1980, où vous avez fait la connaissance de votre maître, Bokar Rinpoché. Qu’avez-vous ressenti en le rencontrant ?

J’ai ressenti une émotion très forte, un grand éblouissement, comme si je rencontrais quelqu’un qui était une évidence, avec qui il y avait un lien très fort. Il dégageait un amour très grand, très visible. Je crois que tout le monde disait ça de lui. Cette retraite a changé ma vie : en sortant, je n’ai pas repris mon métier d’avant, car Kalou Rinpoché m’avait demandé d’enseigner en tant que lama. Je suis ensuite devenu interprète par un concours de circonstances : je connaissais le tibétain et je pouvais les traduire. Mais c’était effectivement un bonheur d’être à leurs côtés, de les servir.

Quels principes fondamentaux vous parlent le plus et comment les pratiquez-vous au quotidien ?

Je pense que le principe fondamental du bouddhisme, c’est de diminuer l’ego, d’avoir moins d’attachements. On a, par conséquent, plus de bienveillance pour les autres. La pratique implique, d’une part, des moments consacrés aux différentes formes de méditation et, d’autre part, des vigilances face à ce qui se passe dans son esprit, pour ne pas se laisser prendre par les perturbations.

Vous vous occupez de centres bouddhistes dans le sud de la France. Vous êtes également éditeur chez Claire Lumière. La transmission par les livres est-elle essentielle pour le développement du bouddhisme en Occident ?

Je gère de petits centres à Grenoble, Aix-en-Provence et Avignon. À Aix, nous nous réunissons tous les lundis soirs, à Avignon un dimanche par mois, et à Grenoble deux week-ends par an. Ce n’est donc pas une très grosse charge. J’essaye surtout de faire le lien entre les gens qui viennent et des grands maîtres. Mon espoir, c’est que les adeptes puissent les rencontrer.

« Quand j’ai rencontré Bokar Rinpoché, j’ai ressenti une émotion très forte, un grand éblouissement, comme si je rencontrais quelqu’un qui était une évidence, avec qui il y avait un lien très fort. Il dégageait un amour très grand, très visible ».

En Orient, il y a beaucoup de maîtres et de lamas. Le lien passe donc beaucoup par des rencontres individuelles. Dans la culture occidentale, le livre se révèle très important dans la transmission. Beaucoup de gens commencent par la lecture avant de rencontrer des grands maîtres. On a publié des livres de Kalou Rinpoché, Bokar Rinpoché, Sa Sainteté Gyalwang Drukpa, Sa Sainteté le Karmapa, Tenzin Wangyal Rinpoché, Sitou Rinpoché… Une dizaine d’auteurs environ. Ce sont eux qui choisissent les thèmes de leurs ouvrages. Transmettre leurs enseignements ainsi est important pour moi.

Que peut apporter, selon vous, l’enseignement bouddhiste face aux crises sociétales, environnementales et spirituelles que nous vivons ?

L’enseignement bouddhiste ne pose pas forcément de questions en termes de groupes sociaux, mais plutôt en termes individuels. Si vous avez une voie intérieure, vous avez un ego moins fort, donc ça se ressent dans les relations avec les autres. Une société est une collection d’individus : si chaque individu développe plus de bienveillance, la société dans son ensemble ira mieux

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Henry Oudin

Henry Oudin est un érudit du bouddhisme, un aventurier spirituel et un journaliste. Il est un chercheur passionné des profondeurs de la sagesse bouddhiste, et voyage régulièrement pour en apprendre davantage sur le bouddhisme et les cultures spirituelles. En partageant ses connaissances et ses expériences de vie sur Bouddha News, Henry espère inspirer les autres à embrasser des modes de vie plus spirituels et plus conscients.

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