Le maître zen vietnamien Thich Nhat Hanh, qui a participé à l’un des plus importants mouvements de résistance non-violente de ce siècle, nous invite à avancer dans nos vies avec calme, à travers la respiration consciente. « La paix est présente ici et maintenant, en nous-mêmes et dans tout ce que nous faisons et voyons » : entendre les cloches, manger en pleine conscience, voir le soleil dans une mandarine, imprimer paix et sérénité en marchant, sourire dans un embouteillage…
La pratique, douce mais régulière doit se prolonger dans notre vie quotidienne. Notre civilisation « met à notre disposition beaucoup de choses que nous pouvons utiliser pour perdre contact avec nous-mêmes ». Nous devons apprendre à nous arrêter pour y voir plus clair. Nous aurons alors plus de temps pour appréhender nos sentiments désagréables. Plutôt que de les chasser, apprenons à les transformer. La colère est enracinée dans notre incompréhension de nous-mêmes et dans des causes profondes et immédiates, mais aussi dans le désir, la vanité, la suspicion… Il faut défaire ces nœuds, en harmonie avec les autres. Ne pas laisser germer les mauvaises graines, mais cultiver les bonnes. Apprendre à demander « Qu’est-ce qui va bien ? » plutôt que l’inverse, méditer en se serrant dans les bras, faire revivre ensemble les jeunes et les vieux, méditer sur la souffrance de ceux qui nous ont fait souffrir…
Car la réalité, c’est l’inter-être et la non-dualité. Dans une feuille de papier, il y a le soleil, l’eau, les nuages, les minéraux… De la même manière, la richesse d’une société est faite de la pauvreté de l’autre et dans la guerre, il n’y a pas de camp du mal. Pour un « bouddhisme engagé », Thich Nhat Hanh appelle à sortir de la prison de notre « petit-moi » et à renouer avec la nature, notre mère. « Nous devons utiliser la souffrance du XXe siècle comme un compost pour qu’ensemble, nous puissions créer des fleurs au XXIe siècle »