Vos sessions de méditation collectives aux États-Unis sont impressionnantes. S’inscrivent-elles dans ce courant d’une culture alliant show-business et spiritualité, où, comme dans les offices du Sunday Service de Kanye West et les églises évangéliques, la musique participe au rite ?
Mon parcours professionnel a commencé par la direction d’une compagnie de disques et la promotion de musiciens. À vingt ans, j’organisais déjà des sessions de méditation au festival de Coachella, parce que j’adorais introduire la méditation dans l’univers du divertissement. En parallèle, j’avais lancé les réunions du Mediclub, avec mes amis musiciens. Nous avons donc démarré bien avant les offices de Kanye West. Mais, en effet, nous poursuivons tous le même but : nous souhaitons que les gens se sentent plus humains. Car la méditation est un puissant outil de connaissance de soi, et la méditation collective a un impact encore plus important. La musique, tout comme dans les synagogues ou les églises, rend cette pratique accessible à des gens qui n’ont jamais médité, et se sentiront ainsi accueillis. En intégrant des musiciens au Big Quiet, nous attirons beaucoup plus de personnes.
« Célébrer la rencontre entre la culture populaire et la spiritualité, vivre de façon moderne et méditer, c’est cela le Big Quiet. Il ne s’agit pas d’une spiritualité déconnectée de la vie, nous célébrons le bien-être intérieur et la modernité. »
Aux États-Unis, la méditation est devenue un important business de gestion du stress, avec pléthore de groupes de mindfulness et une grande variété d’enseignants. En quoi faites-vous la différence : est-ce parce que votre initiative s’adresse aux jeunes ?
La majorité des participants sont en effet des jeunes, autour de la trentaine, mais pas seulement. Le fait que nous représentions de façon authentique notre génération me semble en effet important : mon équipe a travaillé dans le milieu de la musique, nous faisons la fête, menons une vie moderne… Et, en même temps, nous aimons la spiritualité, la méditation, explorer ce qui nous dépasse. Célébrer la rencontre entre la culture populaire et la spiritualité, vivre de façon moderne et méditer, c’est cela le Big Quiet. Il ne s’agit pas d’une spiritualité déconnectée de la vie, nous célébrons le bien-être intérieur et la modernité. C’est cette modernisation de notre démarche qui amène la méditation à tant de personnes. Ainsi, nous nous adressons à énormément de gens ; en ce moment même, j’interviens dans la tournée d’Oprah Winfrey, Oprah’s 2020 Vision : Your Life in Focus, où nous dirigeons des groupes de méditation de 15 000 personnes.
Vous avez d’ailleurs fait le choix d’opérer dans de célèbres lieux institutionnels, comme le Musée Guggenheim ou le World Trade Center de New York. Pourquoi ?
Nous voulions expérimenter le Big Quiet dans des institutions iconiques, des espaces improbables, où nous y célébrons la culture, tout en créant une expérience novatrice. Car ces architectures dynamisantes apportent une nouvelle énergie.
Le Big Quiet est-il un outil de non-violence ?
Cette pratique collective est en effet un outil dont les gens peuvent se servir pour susciter de l’empathie et établir des passerelles entre leurs différences, ce qui peut s’avérer efficace dans un climat de violence. C’est pourquoi il est important de se réunir. Car dans ce contexte, la communauté acquiert une valeur positive. C’est peut-être une des raisons qui expliquent que le Big Quiet grandit à une telle vitesse.
L’intitulé Big Quiet envoie-t-il le message « Faisons l’expérience du silence ensemble » ?
Notre idée est de créer un moment où l’on se sent humain, connecté aux autres, pour rappeler qu’être ensemble est agréable, car nous sommes submergés d’informations, dépassées par le stress professionnel, l’usage intensif du téléphone, des réseaux sociaux… Et ce stress, qui est devenu la norme, mène à des niveaux élevés de tension, à un sentiment de solitude, une déconnexion à soi et aux autres. Aussi souhaitons-nous faire passer ce message : prenez un moment pour prêter attention à vous-même et à ceux qui vous entourent. À la fin des sessions, j’encourage les participants à entreprendre une action dans les 24 heures : joindre quelqu’un qu’ils ont perdu de vue, se donner un défi, envoyer un message, un cadeau à une personne, afin de se souvenir de ce que signifie « être ensemble ».