Myoken Eric Salaün : aller au cœur de sa vie

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Comme le phénix, merveilleux symbole de résilience, Eric Salaün a vécu plusieurs vies. Cet ancien graphiste, devenu chef cuisinier, dispense aujourd’hui des programmes de méditation.

À deux reprises, il a dit stop quand la motivation professionnelle n’était plus au rendez-vous et bifurqué pour changer de voie. Radicalement. Diplômé de l’École Estienne, qui forme à la chaîne des métiers graphiques, il a fait ses premiers pas, durant quinze ans, dans l’édition, la publicité et les arts graphiques. Il a conçu des logos et créé de nouvelles formules de magazines dans la presse écrite. La profession de graphiste étant devenue « très répétitive et beaucoup moins créative » depuis son informatisation, il s’est formé en six mois au métier de… cuisinier. À partir de 1999, pendant dix-sept ans, sa toque de chef cuisinier l’a conduit du restaurant de la Tour Eiffel à des cuisines d’entreprises, en passant par celles de bateaux de croisière. En 2008, il découvre zazen – « une révélation, j’en avais les larmes aux yeux » – et décide, quelque temps plus tard, de faire découvrir aux autres cette pratique qui a changé sa vie. Depuis un an, convaincu que cet outil peut aider ceux qu’il rencontre « à devenir plus authentiques, plus intimes avec eux-mêmes en tournant leur regard vers l’intérieur », il enseigne la méditation, son nouveau métier, ce fameux « métier » qui, contraction étymologique des mots latins « ministère » et « mystère », renvoie à des « ministères mystérieux ».

S’asseoir, sans attentes ni objectifs

Le déclic s’est fait, à Paris, un jour de 2008. En quête d’un lieu de pratique, il surfe sur internet et tombe « par hasard » sur une adresse située dans le 20e arrondissement de la capitale. « Moi qui croyais arriver dans un dojo, me voilà au 8e étage devant une porte d’appartement. Une vieille dame vient m’ouvrir, je suis confus, je me suis sans doute trompé. Il n’en est rien, elle me dit d’entrer et de me dépêcher, car je suis en retard. Cette dame, c’était Josy Thibaut, la mère de mon maître. Une femme de 84 ans, avec beaucoup de caractère, mais aussi beaucoup d’affection, auprès de laquelle j’ai partagé la pratique jusqu’à son décès en 2017, a l’âge de 92 ans », raconte-t-il

Il y a dix ans, il est devenu le disciple de maître Kosen (Stéphane Thibaut) qui fut très proche de maître Deshimaru et a été, après la mort de ce dernier, un des trois moines à recevoir la transmission par la plus haute autorité du Zen Soto au Japon, maître Niwa Zenji.

« Zazen nous aide à devenir plus authentiques, plus intimes avec nous-mêmes en tournant leur regard vers l’intérieur. »

En 2014, Eric Salaün a été ordonné moine bouddhiste Zen. Il est, aujourd’hui, le coordinateur du Dojo Zen de Paris. Depuis deux ans, il se forme à la méditation laïque, douze mois dans l’institut de formation Esprit Clair, cycle de dix-huit mois, qui s’achève en décembre, pour devenir instructeur MBSR (Mindfulness Based Stress Réduction/Réduction du stress, de la souffrance basée sur la méditation de pleine conscience). Il est devenu instructeur et formateur dans l’association Mindfulness Solidaire et anime des soirées de méditations laïques dans le cadre du projet collectif Méditer Autrement, ainsi que des week-ends, des stages et des retraites. « Alors, simplement s’asseoir, sans attentes, sans objectifs, il ne s’agit pas de s’extraire de la vie, mais au contraire de se rencontrer, de se découvrir, d’aller au cœur de sa vie. Devenir intime avec soi-même, dans la simplicité et la douceur », écrit-il sur sa page Facebook.

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Fabrice Groult

Fabrice Groult est un aventurier, photographe et bouddhiste qui parcourt le monde depuis son plus jeune âge. Après avoir étudié le bouddhisme en Inde, il s'est engagé dans un voyage de dix-huit mois à travers l’Asie qui l'a mené jusqu'en Himalaya, où il a découvert sa passion pour la photographie. Depuis, il a parcouru le monde pour capturer des images de beauté et de sagesse bouddhiste. Il a été guide pendant dix ans, et est aujourd'hui journaliste chez Bouddha News.

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