Collapsus , sous la direction de Laurent Testot et Laurent Aillet

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Aux yeux du lecteur, confiné à son domicile pour cause de virus planétaire, la découverte de Collapsus résonne singulièrement. « C’est peu dire que l’air du temps est à l’inquiétude », écrivent en préambule le journaliste scientifique Laurent Testot et l’ingénieur risques Laurent Aillet, qui ont dirigé cet ouvrage collectif, paru en mars. Dans le pli de ce livre de 346 pages, sont ainsi rassemblés tous les maux qui menacent notre civilisation industrielle entrée dans l’ère du Capitalocène (1). Au premier rang desquels le dérèglement du climat et l’érosion de la biodiversité qui conduiraient à une sixième extinction de masse.

La richesse de Collapsus réside dans son approche systémique. Quarante spécialistes, penseurs comme praticiens, donnent leur point de vue sur « l’effondrement » (du latin « collapsus ») au regard de leur discipline. Que ce soit la philosophie, l’agronomie, l’histoire, la politique, la géostratégie, le droit, la biologie, l’économie, la sociologie et même la science-fiction. Comme le remarque dans cet ouvrage Pablo Servigne, collapsologue, coauteur de Comment tout peut s’effondrer et Une autre fin du monde est possible : « Interroger notre manière d’être au monde est impossible si l’on ne fait pas appel à toutes les approches humaines possibles (…) Un vrai changement politique commence par un profond changement des consciences ». C’est justement pour éveiller les consciences que les contributeurs de Collapsus dressent un état des lieux et expliquent clairement les enjeux, en partant de ce postulat fondamental : « Tout système possède ses limites » suivant le théorème posé par l’économiste et philosophe Kenneth E. Boulding : « Celui qui pense qu’une croissance exponentielle peut continuer indéfiniment dans un monde fini est soit un fou soit un économiste ! ».

La dimension spirituelle est également conviée au fil des pages. C’est ainsi que, par exemple, le philosophe Christian Godin écrit : « Si l’homme a tué Dieu, c’est parce qu’il ne supportait pas une puissance supérieure qui pouvait le juger (voir Nietzsche). Si l’homme a détruit la nature, c’est parce qu’il ne supportait pas une réalité dont il dépendait et qui lui échappait. Le moine Dôgen, fondateur de l’école Soto du bouddhisme Zen, dont on sait pourtant quelle importance il accordait à la représentation, disait que les fleurs se fanent même si on les aime et que l’herbe pousse même si on ne l’aime pas ». Et de conclure : « L’intolérance moderne à la nature provient du refus d’admettre une réalité qui ne dépend pas de nous ».

Passé l’état de sidération qui nous a saisis à la lecture de ce livre – du même ordre que celui déclenché par le coronavirus -, la question du sens se pose. La période inédite que nous sommes en train de vivre doit ainsi plus que jamais nous amener à nous relier et à nous projeter dans un avenir de solidarité. L’objectif de cet ouvrage inspirant, soulignent d’ailleurs Laurent Testot et Laurent Aillet, est de « cerner les futurs possibles ». Comme un écho à la devise de Bouddha News : « La vie et le monde sont ce que nous en faisons ».

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Sophie Solère

Sophie Solère est une journaliste économique et sociale qui s'intéresse depuis des années à l'environnement et à l'interdépendance. Elle travaille pour Bouddha News, une plateforme de médias dédiée à la spiritualité et à la sagesse bouddhiste. En pratiquant le yoga et la danse méditative, Sophie a découvert le pouvoir des voyages spirituels, qui offrent tant de chemins pour se (re)trouver. Elle se consacre à partager avec les lecteurs de Bouddha News des histoires inspirantes et des conseils précieux sur la pratique spirituelle et l'environnement.

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