Cathy Blanc : l’humanité tout-terrain

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Quels que soient ses terrains d’action, des prisons aux hôpitaux, cette homéopathe et acuponctrice, fondatrice d’Ecoé, soulage les corps et les cœurs meurtris par la méditation. Portrait d’un médecin réellement sans frontières.

Dans cette prison de l’Hérault où elle s’est portée volontaire pour animer des ateliers de méditation et de partage, Cathy Blanc surmonte la misère des cœurs et le dénuement des infrastructures. À 65 ans, cette femme qui officie depuis quarante ans comme médecin trouve encore la foi de s’engager là où est le désespoir. Il lui suffit de voir cette poignée de détenus recouvrer un peu d’estime d’eux-mêmes à l’issue de telles séances où elle les invite à se relier à la meilleure partie d’eux-mêmes. Cette façon d’explorer en soi sa lumière plutôt que de s’enfoncer dans sa part d’ombre, c’est l’un des enseignements qui l’a convertie au bouddhisme. Cathy Blanc avait 23 ans lorsqu’elle assiste à une conférence du lama tibétain Sogyal Rinpoché sur la souffrance. Voilà des années déjà que le sujet l’interpelle. Elle qui a grandi sur les rudes sommets des Pyrénées, dans une famille catholique ouverte à d’autres chemins de spiritualité et où les vocations de soignant étaient légion ; elle dont le parrain prêtre ouvrier s’interrogeait sur la façon de traduire son engagement religieux dans sa mission de vie. « Comment en arrive-t-on à se faire mal et à faire du mal ? », questionne l’adolescente, bercée par les récits de civilisations lointaines et les lectures des voyages de Teilhard de Chardin, cet iconoclaste théologien- paléontologue.

En quête de révolution intérieure

À Toulouse où elle étudie la médecine générale et chinoise, Cathy Blanc participe à des groupes de prière et de méditation chrétienne qui rassemblent des gens de tous horizons. À l’inverse de ses camarades de fac – athées de gauche -, qui prônent la révolution sociale, elle est attirée par des moyens non-violents de soulager les tourments de la vie. « C’est d’abord une révolution intérieure », dit-elle. Depuis toujours, Cathy Blanc a soif d’engagement humain et solidaire. « Mais quand on se confronte à la souffrance, la bonne volonté ne suffit pas », prévient-elle. Les outils pour agir, elle les découvre dans la philosophie bouddhiste. Installée à Montpellier où elle pratique l’acuponcture et l’homéopathie, « une médecine qui me parle », cette mère de quatre enfants n’hésite pas à s’extraire trois mois de son quotidien pour une longue retraite au centre tibétain Lerab Ling à Roqueredonde, près de Lodève. « La méditation bouddhiste, contrairement au développement personnel, n’invite pas à mieux être, mais à mieux se connaître. Elle nous bouscule parce qu’elle vise à s’accepter avec ses imperfections. Et c’est cette tolérance de soi qui permet la tolérance de l’autre ».

Le bouddhisme, un chemin vers la liberté intérieure.

En parallèle de son chemin spirituel au sein de Rigpa (voir encadré 1), où elle forme encore des groupes d’étudiants, Cathy Blanc fonde il y a presque 25 ans l’association Tonglen (donner et recevoir en tibétain), rebaptisée depuis Ecoé (voir encadré 2), pour accompagner les personnes en difficulté – fin de vie, deuil, rupture ou addiction. Principalement implantée en Languedoc-Roussillon, celle-ci rassemble environ 70 bénévoles. « Lors de notre première intervention dans le service cancérologie d’une clinique de Montpellier, le personnel soignant, touché par notre démarche, a voulu à son tour être formé », se souvient-elle, émue.

Un motard en méditation

Pourtant, Cathy Blanc ne fait pas de prosélytisme. « Le bouddhisme selon moi n’est pas une croyance de plus, mais un chemin vers la liberté intérieure ». Elle raconte volontiers l’histoire de cet homme atteint d’une maladie neuro-végétative dont seuls les yeux bougeaient encore et qui voulait en finir avec la vie. À son chevet, un bénévole d’Ecoé, comprenant, avec difficulté, qu’il avait aimé la moto, lui a proposé une méditation centrée sur les sensations de vitesse et de liberté, comme s’il était aux commandes de son bolide. Ce malade y a puisé une source nouvelle de paix au point de renoncer à l’euthanasie. « Ce serait malhonnête d’en déduire que la méditation est un remède imparable contre le désespoir », décrypte Cathy Blanc, qui s’y adonne elle-même une heure trente chaque matin. « Elle permet seulement d’ouvrir l’autre à une dimension plus vaste de lui-même. » Pour elle qui a choisi de côtoyer la souffrance, il n’est pas question de s’en protéger au risque de s’épuiser en se coupant de ses émotions ni de se laisser polluer par elle, mais de l’accueillir avec compassion. Cette bienveillance, c’est justement la traduction en chinois de l’idéogramme – une silhouette d’homme en marche – qui ponctue le logo d’Ecoé. Il signifie aussi le chiffre 2, « suggérant qu’on a besoin d’être au moins deux pour avancer », dit celle qui se nourrit du temps consacré aux autres

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François Leclercq

François Leclercq est le fondateur de Bouddha News, site internet qui a pour but de diffuser des informations et des conseils pratiques sur le bouddhisme et la spiritualité. François Leclercq est né et a grandi à Paris. Il a étudié le bouddhisme à l'Université de Paris-Sorbonne, où il est diplômé en sciences sociales et en psychologie. Après avoir obtenu son diplôme, il s'est consacré à sa passion pour le bouddhisme et a voyagé dans le monde entier pour étudier et découvrir des pratiques différentes. Il a notamment visité le Tibet, le Népal, la Thaïlande, le Japon et la Chine.

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