Cambodge : les bhikkhus contre la déforestation

Publié le

Ou comment les moines bouddhistes luttent contre la contrebande du bois en « ordonnant » les arbres.

La déforestation est une menace environnementale majeure au Cambodge. Selon un rapport de la Banque mondiale, 15% des forêts ont disparu en vingt ans. Depuis plusieurs années, des bhikkhus (« moines bouddhistes ») se sont unis au sein d’organisations telles que la Monks Community Forest (MCF) et l’Independent Monk Network for Social Justice (IMNSJ), pour lutter en faveur de leur préservation. L’une de leurs actions est de procéder à une « ordination » des arbres afin que les bûcherons, souvent bouddhistes, n’osent pas les abattre !

Envelopper les arbres dans un tissu couleur safran

Le Cambodge a perdu une couverture forestière importante en raison de la contrebande extensive de grumes et de bois, souvent aidée et encouragée par les autorités, à destination des pays voisins, notamment la Chine et le Vietnam. En mai 2017, l’Environmental Investigation Agency (EIA), basée au Royaume-Uni, a signalé qu’environ 300 000 mètres cubes de bois représentant une valeur commerciale d’environ 75 millions de dollars américains avaient été volés et passés en fraude dans des zones protégées du Cambodge au Vietnam, entre décembre 2016 et février 2017. « Nous avons perdu la forêt, ce qui a rendu la température plus élevée et la pluie imprévisible, ce qui a entraîné une augmentation des maladies et une augmentation des rejets de dioxyde de carbone dans l’atmosphère », déclare le Vénérable Bun Saluth, chef de la pagode Samrong dans la province d’Oddar Meanchey. En 2002, le Vénérable Bun Saluth a créé la Monks Community Forest (MCF) pour protéger une forêt de 18 261 hectares. Une action qui a reçu en 2010 le prix « Équateur » du Programme de développement des Nations-Unies.

« Nous avons perdu la forêt, ce qui a rendu la température plus élevée et la pluie imprévisible, ce qui a entraîné une augmentation des maladies et une augmentation des rejets de dioxyde de carbone dans l’atmosphère. » Vénérable Bun Saluth

Outre leurs patrouilles régulières dans la forêt, des bhikkhus et des militants organisent régulièrement des cérémonies bouddhistes consistant à envelopper des arbres dans le tissu couleur safran utilisé pour confectionner le vêtement des religieux bouddhistes, dans l’espoir que les bûcherons eux-mêmes bouddhistes réfléchissent à deux fois avant d’abattre les arbres… Une pratique originale pour répondre à l’urgence d’une situation qui s’aggrave d’année en année en raison de l’exploitation illégale du bois, alors que les autorités locales coopèrent rarement avec les activistes, voire considèrent leurs patrouilles en forêt comme des activités illégales.

 

Article publié par l’Institut d’Études Bouddhiques (https://bouddhismes.net/)

Photo of author

Fabrice Groult

Fabrice Groult est un aventurier, photographe et bouddhiste qui parcourt le monde depuis son plus jeune âge. Après avoir étudié le bouddhisme en Inde, il s'est engagé dans un voyage de dix-huit mois à travers l’Asie qui l'a mené jusqu'en Himalaya, où il a découvert sa passion pour la photographie. Depuis, il a parcouru le monde pour capturer des images de beauté et de sagesse bouddhiste. Il a été guide pendant dix ans, et est aujourd'hui journaliste chez Bouddha News.

Laisser un commentaire