À la recherche du temps présent Kankyo Tannier

- par Henry Oudin

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En quelques années, Kankyo Tannier est devenue une nonne star. Est-ce compatible ? Difficile de juger. La quarantaine passée, elle a été ordonnée nonne bouddhiste en 2002, dans la tradition zen Soto. Passionnée par les chevaux et par la voix (elle intègre des chants de mantras bouddhistes dans ses stages), elle enseigne la méditation, donne des conférences, tient un blog sur le site du Huffingtonpost et écrit des livres grand public. À la recherche du temps présent, clin d’œil à Marcel Proust, ne fait pas surgir notre passé d’une madeleine trempée dans une tasse de thé. Kankyo Tannier n’essaie pas de nous plonger dans nos souvenirs ni de nous envoyer chez un psychanalyste. Elle nous met d’ailleurs en garde contre les méfaits du développement personnel, qui peut mener à « l’hyper-psychologisation » : « Chez certaines personnes, chaque événement de la vie devient sujet à l’analyse, à la dissertation, à la rationalisation. Sans doute, certaines découvertes sont-elles justes, mais à quel prix ! Pendant que nous réfléchissions, la vie est passée devant nous, incognito », prévient-elle.

« J’aimerais tant, comme Bouddha, m’asseoir au pied d’un arbre, pendant 49 jours et atteindre l’illumination (…) Et puis, je me cogne l’orteil contre un meuble, comme ce fameux maître zen chinois, et reviens sur terre à ma condition normale. Ouille ! »

Son credo, c’est le moment présent. Pour y accéder, elle nous invite à un voyage en sa compagnie, nourri de ses expériences personnelles. Elle n’hésite pas à pratiquer l’autodérision pour désacraliser sa fonction et montrer que, toute nonne qu’elle est, les pièges de la vie ordinaire la rattrapent. « J’aimerais tant, comme Bouddha, m’asseoir au pied d’un arbre, pendant 49 jours et atteindre l’illumination (…) Et puis, je me cogne l’orteil contre un meuble, comme ce fameux maître zen chinois, et reviens sur terre à ma condition normale. Ouille ! »

Les rituels de liberté numérique

Avec humour et joie de vivre, Kankyo Tannier donne des conseils de pratiques et de rituels simples à appliquer. Par exemple, la méditation marchée (kinhin), la création d’un autel chez soi (avec la photo d’une personne ou d’un paysage inspirant, des fleurs, un pot à encens, un récipient pour l’offrande d’eau). Ou le rituel du stop, inspiré de son besoin de faire le lien entre sa vie au monastère zen et celle, plus trépidante, au cœur du quartier étudiant de Strasbourg. « Faites une pause dans ce que vous êtes en train de faire, respirez et reprenez conscience de votre corps. De cette manière, l’esprit déconnecte d’un coup, et le rituel de stop vous permet d’être à nouveau dans l’instant présent. » À noter ce chapitre qui aurait fait sourire Bouddha : « Me, myself et mon téléphone : comment retrouver sa liberté ? », intégrant quelques « rituels de liberté numérique » tout en bienveillance pour nos addictions contemporaines.

Les fondamentaux du Dharma (enseignement du Bouddha) sont cependant trop dilués ici pour pouvoir classer cet ouvrage dans la catégorie des livres sur le bouddhisme. En « distillant des bulles de spiritualité dans le quotidien », Kankyo Tannier essaie surtout de créer du lien entre le grand public et le bouddhisme

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Henry Oudin

Henry Oudin est un érudit du bouddhisme, un aventurier spirituel et un journaliste. Il est un chercheur passionné des profondeurs de la sagesse bouddhiste, et voyage régulièrement pour en apprendre davantage sur le bouddhisme et les cultures spirituelles. En partageant ses connaissances et ses expériences de vie sur Bouddha News, Henry espère inspirer les autres à embrasser des modes de vie plus spirituels et plus conscients.

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