Visite en Chiraquie du Vénérable Nyanadharo

- par Henry Oudin

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Hommage à un président qui aimait l’Asie.

Pour célébrer le Nouvel An chinois en février 2002 avec la communauté asiatique, sur initiative du président Chirac, ce passionné de l’Asie et des civilisations anciennes, l’Élysée invite près de 300 personnalités à Paris parmi lesquelles des ambassadeurs des pays d’Asie, prix Nobel de littérature, ainsi que quelques moines bouddhistes. Le président exigeant que parmi ceux-ci, il ait un interlocuteur parlant français, une estafette est diligentée la veille de la cérémonie au monastère de Tournon pour inviter le Vénérable Nyanadharo, seul moine résidant en France et répondant à ce critère. Il faudra tout le pouvoir de persuasion de Janine Boitel pour que ce dernier honore cette invitation.

Tandis que les cuisiniers de l’Élysée s’affairent en se mettant au diapason de la cuisine asiatique, de tous horizons, la délégation est reçue chaleureusement par le président qui les accueille en ces termes : « S’il est dans l’histoire des hommes un dialogue d’une rare fécondité, un dialogue qui mêle l’attraction la plus intense et l’interrogation la plus profonde, c’est bien assurément celui de l’Orient et de l’Occident. Longtemps et aujourd’hui encore, la route de la soie déroula son ruban chatoyant dans l’imaginaire occidental. Depuis Marco Polo, chacun avait deviné que les mystères de l’Asie étaient autant de promesses. Celles des civilisations les plus riches, qui ont porté au plus haut la réflexion philosophique, la pensée religieuse, l’excellence des Arts ».

Pour tout cadeau, le Vénérable a glissé dans sa robe le chapelet ancien, une pièce rare, que lui a remis la veille son ami lama Deunzang, de retour de pèlerinage dans son Tibet natal. Le Vénérable le remettra en mains propres au président en lui souhaitant les meilleures influences, et tandis que le secrétariat de l’Élysée rassemble tous les dons offerts par la délégation, Jacques Chirac glissera furtivement le chapelet dans sa poche.

Les discours se succèdent et seuls les moines présents disposent de chaises pour se reposer. Le Vénérable Nyanadharo se lève alors pour proposer son siège au président qui accepte, mais à condition de le partager, offrant ainsi le spectacle d’une bien curieuse cohabitation

En cette année de l’apparition de l’euro, Jacques Chirac glisse respectueusement vers les moines un sac de pièces de cette nouvelle monnaie. Le Vénérable Nyanadharo acceptera cette offrande et remettra aussitôt cette contribution spontanée de l’Élysée au moine vietnamien pour aider au financement de son temple, le plus grand temple vietnamien en cours de construction.

La cérémonie se terminera par les prières en pali, dont le président, familier de cette langue ancienne, avait réclamé auparavant la traduction en français.

Cette même année, plongé dans le doute quant à la continuation de son engagement politique par un second mandat, Jacques Chirac ira au Japon pour assister à des combats de sumo. Il en profitera pour visiter un temple bouddhiste et s’y recueillir. Il en repartira avec la conviction que son engagement devait continuer. On connaît la suite !

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Henry Oudin

Henry Oudin est un érudit du bouddhisme, un aventurier spirituel et un journaliste. Il est un chercheur passionné des profondeurs de la sagesse bouddhiste, et voyage régulièrement pour en apprendre davantage sur le bouddhisme et les cultures spirituelles. En partageant ses connaissances et ses expériences de vie sur Bouddha News, Henry espère inspirer les autres à embrasser des modes de vie plus spirituels et plus conscients.

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