Pourquoi il est recommandé aux moines de ne pas manger après midi

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Quand suivre la voie du milieu commence déjà à table.

Dans le Theravada, les moines, les bikkhus, sont soumis à des règles de vie strictes, résumées dans un ouvrage, le Patimokkha, comprenant 227 règles fondamentales, qui furent instaurées par le Bouddha de manière à permettre aux pratiquants de suivre la voie qu’il préconisait dans de bonnes conditions tout en favorisant un lien d’interdépendance avec les laïcs. Ce système perdure depuis plus de 2500 ans. Aujourd’hui encore, les religieux observent donc les préceptes et mènent une existence faite de renoncement et de simplicité grâce à la générosité des populations locales. La communauté leur fournit les vêtements, le bol à aumônes, le logement et si besoin les remèdes. Chaque partie en tire bénéfice : les moines peuvent ainsi subsister et les laïcs profiter des prières, conseils, prodigués par les religieux. C’est un système gagnant-gagnant.

Le cas particulier des repas

Les moines devant mendier leur nourriture sont autorisés à accepter tout ce qui leur est offert. L’important est non le contenu des dons, mais l’attitude de leur esprit. Il s’agit pour eux de s’efforcer ainsi d’acquérir une profonde compréhension de tout ce que le Bouddha a enseigné et de développer une sagesse basée sur l’expérience.

Les repas obéissent à des règles précises. Deux rythment une journée. Celui du petit déjeuner, et un second avant midi. Les religieux n’ont ensuite plus le droit de consommer d’aliments solides jusqu’au lendemain matin. Cela leur évite notamment de s’assoupir lors de la méditation du soir et répond aux enseignements de la voie du milieu qui rejette aussi bien l’ascétisme que l’abondance. Car rechercher le plaisir ou bien vivre dans l’opulence entraîne indubitablement une forme d’attachement (upâdâna), voire d’appropriation aux biens éphémères de ce monde, ce qui peut conduire à la convoitise (râga), l’un des trois poisons (trivisa) régissant ce monde, attachement qui, vie après vie, nous maintient forcément dans le samsâra, le cycle incessant des naissances et des morts.

Une pratique qui défie les siècles

Cette prescription remonte au Bouddha Sakyamuni qui, avant de connaître l’illumination sous l’arbre de la Bodhi, avait pratiqué un ascétisme extrême qui l’avait conduit aux portes de la mort comme relaté dans le Lalitavistara Sûtra, un magnifique texte empreint de poésie du Mahayana. S’étant rendu compte qu’un tel régime n’était pas approprié pour avoir les idées suffisamment claires et nécessaires à l’atteinte du nirvana, c’est-à-dire à l’extinction des causes de la souffrance (dukkha), dès qu’il enseigna à ses disciples, il préconisa à ses élèves un code de conduite évitant tout extrême alimentaire. C’est l’un des aspects de la voie du milieu.

En enseignant la voie du milieu et en incitant notamment à adopter un code de conduite alimentaire, le Bouddha a souhaité monter aux hommes une voie harmonieuse et sereine, que nous pouvons tous suivre.

Pour les bouddhistes, la transformation spirituelle de l’être humain se fait à l’image du lotus qui croît en allant de l’obscurité à la lumière. La plante naît dans la fange boueuse des étangs et pousse en se dirigeant vers la surface de l’eau afin que son bouton de fleur s’ouvre et s’épanouisse à la lumière. Et, rien sauf sa mort, ne peut la détourner de cette trajectoire. Chez l’individu, les étapes de ce processus intérieur conduisent à la maturation des potentiels dont il dispose en naissant, s’il possède le courage d’affronter et d’accepter les situations proposées par l’existence et s’il détient la volonté, les connaissances et les outils qui l’aideront à s’améliorer et à donner du sens aux événements traversés. Pour atteindre cet objectif, la plupart des grandes traditions recommandent à la personne en quête de savoir et de paix, de faire en sorte que son corps et son esprit fonctionnent de manière complémentaire et harmonieuse. La perte de cet usage harmonieux et complémentaire induit la disparition de relations basées sur le respect, la tolérance, la générosité, la tendresse et l’humour, valeurs qui participaient à donner du sens à la vie. En enseignant la voie du milieu et en incitant notamment à adopter un code de conduite alimentaire, le Bouddha a souhaité monter aux hommes une voie harmonieuse et sereine, que nous pouvons tous suivre.

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Sophie Solère

Sophie Solère est une journaliste économique et sociale qui s'intéresse depuis des années à l'environnement et à l'interdépendance. Elle travaille pour Bouddha News, une plateforme de médias dédiée à la spiritualité et à la sagesse bouddhiste. En pratiquant le yoga et la danse méditative, Sophie a découvert le pouvoir des voyages spirituels, qui offrent tant de chemins pour se (re)trouver. Elle se consacre à partager avec les lecteurs de Bouddha News des histoires inspirantes et des conseils précieux sur la pratique spirituelle et l'environnement.

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