Le stûpa de l’Himalaya : voyage aux origines du bouddhisme

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Des générations de moines ont autrefois tourné autour de l’Himalaya, comme si celui-ci était un stûpa géant, de l’Inde à la Chine en passant par l’Iran.

Ceux qui ont voyagé en Asie bouddhiste ou qui fréquentent les monastères implantés en Occident connaissent les stûpas. Ces constructions peuvent être de toutes tailles et de toutes formes. À l’origine, ce sont des monuments commémorant le passage du Bouddha en ce monde, parfois des reliquaires abritant quelques restes de l’Éveillé. Aujourd’hui, ces édifices inscrivent la présence bouddhiste dans les paysages. Les plus importants, tel celui de Bodnath, en banlieue de Katmandou, au Népal, sont des centres majeurs de pèlerinage.

Sitôt arrivé au terme de son voyage, le pèlerin entreprend de faire le tour du stûpa. Toujours dans le même sens. Celui des aiguilles d’une montre. Il importe de s’en rappeler, de faire corps avec la foule. On se concentre et on marche, vers la gauche, en gardant le bâtiment à sa droite, on en fait le tour, et ronflent les moulins à prières, et circulent les offrandes, et psalmodient les lèvres, et oscillent les tissus colorés, à l’unisson de la ferveur.

Un périple circulaire

Autrefois, quand la pollution de l’air n’avait pas recouvert l’Asie d’un voile jaunâtre, l’improbable pèlerin qui aurait grimpé au sommet du sanctuaire de Bodnath aurait aperçu, au Nord, le plus grand stûpa du monde : le massif de l’Himalaya. Un pèlerinage unique, qui prendrait une vie entière, que d’en entamer le tour à pieds. En partant vers la gauche comme il se doit, autour du plus sacré des stûpas. Népal, Inde du Nord, Pakistan, Iran, Turkménistan, Ouzbékistan, Kirghizistan, Chine du Nord et Mongolie d’aujourd’hui. Ce faisant, notre pèlerin aurait revécu, dans les callosités épaississant progressivement la peau de ses pieds, un périple aux origines du bouddhisme. Car c’est sur cette voie que des moines sont partis, il y a au moins vingt-trois siècles, porter au monde le message de l’Éveillé.

Autrefois, quand la pollution de l’air n’avait pas recouvert l’Asie d’un voile jaunâtre, l’improbable pèlerin qui aurait grimpé au sommet du sanctuaire de Bodnath aurait aperçu, au Nord, le plus grand stûpa du monde : le massif de l’Himalaya.

Une autre partie du bouddhisme est allée vers l’Est. Elle est connue aujourd’hui comme Theravada, véhicule des Anciens, et elle se présente comme proche des enseignements d’origine. La part du bouddhisme qui a entrepris de faire le tour de l’Himalaya, elle, a évolué au cours du périple. Les stûpas vous amènent à réfléchir, ils peuvent vous aider à progresser. Les moines et les marchands qui sont partis du Népal et d’Inde du Nord vers le Pakistan et l’Iran ont converti les populations au bouddhisme. Oui, il y a vingt siècles, une partie du Pakistan, l’Afghanistan, l’Est de l’Iran étaient partiellement bouddhistes. L’islam n’est arrivé qu’au VIIe siècle de notre ère. Et les populations n’ont changé de foi que doucement.

Arrivés au Turkménistan, les moines se sont retrouvés à circuler sur un vieil axe commercial, ces routes terrestres de la Soie qui autrefois connectaient la Chine des Han à l’Empire de Rome. Certains, c’est attesté, sont allés vêtus de safran mendier jusqu’aux rivages de Méditerranée. Mais ils n’y ont pas établi de monastères, probablement parce qu’aucun roi ne les a patronnés. Et ceux qui ont continué leur tour du stûpa himalayen vers l’Orient sont arrivés en Chine au début de notre ère. Et là, il s’est passé quelque chose d’extraordinaire.

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Fabrice Groult

Fabrice Groult est un aventurier, photographe et bouddhiste qui parcourt le monde depuis son plus jeune âge. Après avoir étudié le bouddhisme en Inde, il s'est engagé dans un voyage de dix-huit mois à travers l’Asie qui l'a mené jusqu'en Himalaya, où il a découvert sa passion pour la photographie. Depuis, il a parcouru le monde pour capturer des images de beauté et de sagesse bouddhiste. Il a été guide pendant dix ans, et est aujourd'hui journaliste chez Bouddha News.

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