Le bodhisattva fait ses vœux dans un monde troublé

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Avalokiteshvara

Les êtres sont innombrables, je jure de les sauver
Les délires sont inépuisables, je jure d’y mettre fin
Les portes du Dharma sont illimitées, je jure d’y entrer
La voie de Bouddha est inaccessible, je jure de l’atteindre

Nous vivons à une époque de grands périls et de possibilités. Il semble qu’il n’y ait pas de fond à l’horreur que chaque cycle d’actualités offre, et il est difficile de savoir si nous pourrons un jour nous sortir de la spirale infernale que traverse notre planète : des régimes autoritaires réduisant les gens à des nombres ; l’inégalité des revenus s’agrandit ; l’avidité et la haine se déplaçant à travers le pays comme une brume sombre et onctueuse. Comment pouvons-nous sauver tous les êtres dans des conditions aussi désastreuses ? Et pourtant, nous sommes attachés à notre vœu de bodhisattva, les êtres sont innombrables, je jure de les sauver.

Et que diriez-vous les délires sont inépuisables, je jure d’y mettre fin? Quiconque a bien regardé à l’intérieur de son propre esprit – un regard honnête, pas un simple scan – ne peut s’empêcher d’être humilié par les déchets inutiles qui volent là-dedans. Parfois, la malbouffe n’est qu’une collection de pertes de temps bénignes, comme des listes et des échos de conversations passées, et parfois la malbouffe est une jalousie mesquine ou des sentiments d’envie pour ce que nous n’avons pas. Nous avons appris, en tant qu’êtres sociaux, à ne parler qu’une petite partie des perturbations mentales que nous laissons parcourir librement dans notre esprit. Nous pouvons à peine voir nos délires, comment sommes-nous censés y mettre fin ?

Il n’y a pas de limite à la sagesse de l’Univers. Mais Les portes du Dharma sont illimitées, je jure d’y entrer. Des milliers d’enseignants, passés et présents, ont laissé leurs mots et leurs histoires sous forme de livres pour que nous puissions apprendre. Tous les sutras et pratiques, toutes les choses que l’Univers nous enseigne à chaque instant sur le fait d’être humain et de vivre sur cette merveilleuse planète. La quantité d’informations est infinie et peut être écrasante. Il semble que nous ne puissions assimiler qu’une petite goutte du vaste Dharma que l’on trouve partout dans l’Univers.

Et encore, la voie de Bouddha est inaccessible et nous nous engageons à l’atteindre. Nous nous engageons à faire ce que toute personne sensée serait d’accord comme étant l’impossible. Ces vœux de bodhisattva parlent d’un niveau d’engagement sans fond plutôt que de l’accomplissement d’un objectif réalisable. Ils encouragent un état du cœur plutôt que de pointer vers un résultat concret. Lorsque nous prononçons nos vœux de bodhisattva, nous ne nous imposons aucune limite, n’offrons aucune clause échappatoire ou destination finale. Nous y allons tous; notre compassion ne connaît pas de limites. C’est le même engagement qu’un artiste prend lorsqu’il regarde une toile vierge, ou qu’un musicien fait face dans une pièce silencieuse. Il n’y a rien et bientôt il y aura quelque chose. La toile vierge, l’impossible, rencontre un esprit qui ne sait pas. Nous continuons à marcher sans savoir où nous atterrirons, ni si nous atterrirons un jour. C’est notre vœu de bodhisattva, marcher dans l’inconnu chaque jour avec un cœur ouvert et une confiance en ce que nous ne pouvons pas savoir.

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François Leclercq

François Leclercq est le fondateur de Bouddha News, site internet qui a pour but de diffuser des informations et des conseils pratiques sur le bouddhisme et la spiritualité. François Leclercq est né et a grandi à Paris. Il a étudié le bouddhisme à l'Université de Paris-Sorbonne, où il est diplômé en sciences sociales et en psychologie. Après avoir obtenu son diplôme, il s'est consacré à sa passion pour le bouddhisme et a voyagé dans le monde entier pour étudier et découvrir des pratiques différentes. Il a notamment visité le Tibet, le Népal, la Thaïlande, le Japon et la Chine.

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