Comment avez-vous découvert le bouddhisme ?
J’ai découvert le bouddhisme à travers ma passion du Népal. Même si j’aime et respecte cette philosophie, je ne pratique pas. Néanmoins, je me sens vraiment heureux dans les monastères tibétains. Les moines m’ont toujours accueilli à bras ouverts. Ils sont bienveillants, amicaux, sans aucun souci de prosélytisme ni sectaire.
Quelle est l’origine des bols tibétains ? Et comment servent-ils de support à la méditation ?
À l’origine, ils s’agissaient de bols de soupe. Lorsque des shamans ont réalisé qu’ils avaient une vibration particulière, leur tradition s’en est emparée, notamment les Bön (une religion tibétaine préexistant au bouddhisme) et ce fut ensuite au tour du bouddhisme tibétain. Je n’en ai néanmoins pas vu dans les monastères du Népal, même s’ils restent un support de méditation pour de nombreux pratiquants.
Le bol tibétain permet de fixer son attention sur les vibrations et de calmer ainsi immédiatement le mental. Les bols tibétains sont également rentrés dans les vies quotidiennes : par exemple, on s’en sert dans les séances de yoga pour commencer et débuter un cours. Certaines institutrices s’en servent également dans les classes, car elles ont remarqué qu’ils calment immédiatement les élèves.
Pourquoi vous êtes-vous consacré aux bols tibétains ?
Je m’y suis intéressé, car j’étais musicien. J’ai été très marqué par l’émotion que les bols suscitent. Je me suis donc tourné vers cet instrument par amour du son et du travail des hommes. Car chaque bol demande la collaboration de huit ou neuf personnes qui martèlent les bols et s’unissent pour créer un objet qui va donner une émotion. Je trouve ça merveilleux ! Le son des bols martelés à la main est unique à chaque bol, qui est lui-même polyphonique. La multitude des sons ainsi créée produit une vibration qui résonne en nous de manière très particulière. J’ai une anecdote très touchante à ce propos.
« Le bol tibétain permet de fixer son attention sur les vibrations et de calmer ainsi immédiatement le mental. »
Alors que je vendais des bols sur le marché de l’île de Ré pendant les vacances d’été, une dame est venue avec ses enfants m’interroger. Je lui ai fait écouter le son de deux bols, sans qu’elle réagisse, mais quand elle a entendu le troisième, elle s’est mise à fondre en larmes et s’est assise par terre au milieu de ses enfants paniqués. Cette vibration l’a renvoyée à quelque chose qu’elle ne pouvait identifier elle-même.
D’où vient cette sensation que plusieurs notes sont entremêlées ?
Cela vient de l’alliage de plusieurs métaux (plomb, étain, fer, cuivre, mercure, argent et or) et du martèlement. Dans la tradition, on dit que les métaux utilisés sont en correspondance avec les astres. Je suis trop cartésien pour me pencher sur ce mystère, mais je dois reconnaître un fait étonnant : les bols de plus haute gamme s’appellent les « full moon » ; ils sont martelés uniquement les soirs de pleine lune. On dit que la lune a un effet sur l’assemblage moléculaire qui rend ce son exceptionnel. J’étais très sceptique, mais le son étonnant de ces bols est indiscutable.
Quel est votre conseil quand quelqu’un veut choisir un bol chantant ?
Pour commencer, je conseille aux gens de choisir un bol d’un kilo. Avec un kilogramme, il y a assez de métal pour faire des basses. Or les émotions commencent avec les basses. Le seul critère est de trouver le son qui résonne en vous.