Isalou Regen : my story avec Bouddha

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Témoignage d’une femme habituée à « boxer avec les chocs de la vie », qui a appris grâce aux enseignements du bouddhisme à cheminer avec le sourire.

À 11 ans, j’ai rencontré un apprenti moine tibétain bien exotique vivant sur les plus hauts plateaux du monde. Il s’appelait Mardi et était le héros du livre Le troisième œil de T. Lobsang Rampa. Enfant unique élevée par deux parents travaillant dur, je devais apprendre à m’occuper toute seule me disaient-ils régulièrement, aussi les livres et leurs personnages imaginaires ou historiques sont-ils devenus mes meilleurs compagnons. Avec Mardi, j’ai découvert un monde nouveau et extraordinaire parlant de pouvoir de l’esprit, de pratique de méditation, d’enseignements et de transmissions secrètes et initiatiques. Ce qui me fascinait, c’était l’idée que notre esprit était roi, et que toute notre réalité était créée par lui. Une révélation. En refermant le livre, j’ai écrit un souhait dans mon journal intime : un jour, j’irai au Tibet et je rencontrerai, moi aussi, un maître de sagesse en robe rouge qui m’apprendrait à devenir mon « propre maître ».

Les souhaits peuvent être très surprenants avec un peu de patience…

19 ans : je flirte autour

Au lycée, j’ai fait la rencontre de nouveaux amis, comme Schopenhauer, Sartre, Nietzsche, « Le monde est ma représentation », « L’existence précède l’essence, on doit s’inventer » « Deviens ce que tu es » … Je retrouvais cette même idée de la puissance de l’esprit, de la création de son propre devenir, du possible, de la responsabilité et de la liberté individuelle. Ces idées m’ont été très précieuses lorsqu’à 19 ans, j’ai dû faire face à une première épreuve difficile : la maladie. SPA, Spondylarthrite ankylosante, maladie chronique évolutive m’ont annoncé les médecins. Diagnostic qui assombrissait considérablement mon horizon. Alors, comme à mon habitude, je me suis tournée vers ce qui me faisait instinctivement du bien, mes fameux compagnons de lecture. Pour sauver ma peau, j’en cherchais de nouveaux, orientés vers la psychologie, le self help, la sagesse… et, de fil en aiguille, je suis tombée sur Chögyam Trungpa Rinpoché, un des grands maîtres tibétains ayant implanté la méditation et les enseignements bouddhiques en Occident dans les années 70.

« À coup de chimiothérapie, de pratiques de méditation et de visualisation, d’amour de mes proches, le crabe a fini par se calmer. Depuis, les Trois Joyaux sont devenus des phares éclairant la nuit noire du chaos, et mes compagnons d’équilibre. »

Nouvelle révélation : l’idée du karma ! Révolution conceptuelle de pure logique : tu sèmes du blé, tu récoltes du blé, et non des tomates cerises ou des carottes ! Quel nouveau souffle, plus de questions sans réponses, plus de sentiment d’injustice, comme pourquoi moi ? Qu’est-ce que j’ai fait au bon Dieu, ce n’est pas juste… Non ! D’un point de vue purement théorique, je récoltais ce que j’avais semé d’une précédente vie. Peut-être difficile à accepter, retirant toute possibilité de victimisation, mais, par là même, il devenait possible de « travailler » avec et d’apprendre dès à présent à semer de futures graines de mieux-être pour un demain plus joyeux. Entreprise de semence, de culture et de récolte, ma vie devenait moins confuse et plus maîtrisable. Avec cette logique de causes et de conséquences, j’avais pour la première fois une « carte de la route » claire et un outil de conduite logique, simple, compréhensible et imparable. Tout un rapport et une vision du monde ouvrant d’autres champs de possibles et de nouveaux horizons. J’ai appris à cohabiter avec la maladie, me suis mariée, mis au monde mes deux enfants et allais de mieux en mieux.

29 ans : je prends refuge

À 29 ans, à l’âge où le Prince Siddhartha Gautama découvrit la souffrance pour la première fois, donnant le top départ de sa quête de vérité, pour moi, un deuxième gros rendez-vous avec elle s’est planifié de lui-même, sans franche ni joyeuse invitation. Un vilain petit crabe logé dans ma poitrine tentait de me tuer.

Nouveau choc. Plus question de rigoler, il y avait urgence. Il était temps de rencontrer le Bouddha et son sourire rassurant et serein. Il était temps d’emprunter le chemin d’équilibre qu’il avait développé, appelé « La Voie du Milieu », pour sortir de ma peur de mourir et laisser mes petits enfants orphelins de mère derrière moi. Question de survie !

Nouvelle trouvaille sur le chemin : Le livre tibétain de la vie et de la mort de Sogyal Rinpoché. À l’issue de la lecture, j’ai acheté direct un coussin de méditation et recherché un centre pour m’entraîner. J’ai testé différentes écoles, du zazen au bouddhisme tibétain, puis expérimenté diverses traditions, nygma, gelugpa, pour finalement atterrir au fin fond des vallées verdoyantes de la Dordogne, dans la tradition kagyupa. Je me souviens encore de cette puissante émotion quand j’ai vu pour la première fois les moulins à prières tournoyer et les drapeaux jaunes, bleus, rouges, verts, imprimés de formules sacrées, danser sous l’emprise du vent. Dans cette petite vallée perdue, je me suis trouvée.

J’ai posé de vieilles valises avec un sentiment réconfortant d’avoir enfin trouvé ma maison. Home ! J’ai pris refuge dans les Trois Joyaux, appris à méditer, pratiquer, étudier et me rencontrer, moi et mon ego, ses voiles, ses fonctionnements… Et ce, de manière complémentaire à mon travail thérapeutique. À coup de chimiothérapie, de pratiques de méditation et de visualisation, d’amour de mes proches, le crabe a fini par se calmer. Depuis, les Trois Joyaux sont devenus des phares éclairant la nuit noire du chaos, et mes compagnons d’équilibre.

50 ans et plus : je chemine avec son sourire

Quand tout va bien, on peut avoir tendance à vouloir légèrement oublier la loi de l’impermanence. Pour ma part, m’étant remariée avec un homme dont j’étais très amoureuse, je l’avais mise complètement de côté. Mais elle est très vite revenue au grand galop peu de temps après avec une brutale séparation. En bonne bouddhiste, ma réponse à ce nouveau chaos a été de me tourner plus encore vers les Trois Joyaux et d’augmenter la dose de pratique. What else ?

Puis, j’ai eu l’immense bonheur de rencontrer le Vénérable 5e Dilyag Sabchu Rinpoché, un grand maître tibétain élevé sur le toit du monde. Si on a envie de progresser dans une matière ou un sport, comme le tennis par exemple, on prend des cours auprès d’un spécialiste expérimenté. Idem pour la sagesse. Un maître qui passe ses vies à s’entraîner à devenir meilleur sait comment nous accompagner à le devenir nous aussi.

Quarante ans après l’écriture de mon souhait dans mon journal intime, je me suis retrouvée l’été dernier sur le toit du monde au Tibet. Sur un col de montagne à plus de 5 000 mètres d’altitude, j’ai réalisé mon rêve de petite fille, heureuse d’avoir enfin trouvé mon « ami spirituel » en robe rouge que j’espérais rencontrer un jour… quand je serais grande ! Les aspirations mettent parfois un certain temps, voire un temps certain, à se réaliser, mais si on tient bon la barre, elles ont toutes les chances de se concrétiser.

« Ce que tu penses, tu le deviens. Ce que tu ressens, tu l’attires. Ce que tu imagines, tu le crées. » Bouddha

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François Leclercq

François Leclercq est le fondateur de Bouddha News, site internet qui a pour but de diffuser des informations et des conseils pratiques sur le bouddhisme et la spiritualité. François Leclercq est né et a grandi à Paris. Il a étudié le bouddhisme à l'Université de Paris-Sorbonne, où il est diplômé en sciences sociales et en psychologie. Après avoir obtenu son diplôme, il s'est consacré à sa passion pour le bouddhisme et a voyagé dans le monde entier pour étudier et découvrir des pratiques différentes. Il a notamment visité le Tibet, le Népal, la Thaïlande, le Japon et la Chine.

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