Esprit et corporalité : l’esprit précède le mouvement

- par Henry Oudin

Publié le

3e volet des conseils du Vénérable Mahasi Sayadaw sur la pratique de base bouddhiste de la Pleine Attention.

Avec de nouveaux progrès dans la méditation, l’état conscient d’une intention devient évident avant qu’un mouvement corporel ne se produise. Le méditant observe d’abord cette intention. Bien qu’au début de sa pratique, il note « intention, intention » (par exemple de plier un bras), il ne peut pas noter distinctement cet état de conscience. Maintenant, à ce stade plus avancé, il note clairement la conscience de l’intention de plier. Donc, il note tout d’abord l’état conscient d’une intention de faire un mouvement corporel, puis le mouvement corporel en particulier. Au début, faute d’observer une intention, il pense que le mouvement corporel est plus rapide que l’esprit qui le connaît. À ce stade, l’esprit apparaît comme précédant le mouvement. Le méditant observe facilement l’intention de se pencher, de s’étirer, de s’asseoir, de se mettre debout, de s’en aller, etc. Il note également clairement la flexion, l’étirement, etc. Il réalise donc le fait que l’esprit qui connaît un processus corporel est plus rapide que le processus matériel. Il expérimente directement le fait qu’un processus corporel a lieu après qu’une intention l’a précédé.

Observer la cessation et la disparition des phénomènes corporels et mentaux

Si le méditant commence soit avec la montée et la descente de l’abdomen, soit avec tout autre objet corporel ou mental, il constatera qu’il progresse. L’observation se poursuivra de son propre chef, avec fluidité et calme. Il constatera qu’il observe avec clarté la cessation et la disparition des phénomènes corporels et mentaux. À ce stade, son esprit est tout à fait libéré de toutes les souillures. Aussi agréable et attirant qu’un objet puisse être, il ne l’est plus pour lui. De même, aussi répugnant que puisse être un objet, il ne l’est plus pour lui. Il ne fait simplement que voir, entendre, sentir, goûter ou connaître. Avec les six types d’équanimité décrits dans les Textes, il observe tous les phénomènes corporels et mentaux. Il n’est même pas conscient de la durée pendant laquelle il est plongé dans la méditation. Et il ne réfléchit en aucune manière.

Malgré les fluctuations, le méditant ne doit pas se laisser envahir par la déception ou le désespoir.

Mais s’il ne développe pas suffisamment la Vision Pénétrante pour réaliser la « connaissance de la Voie et de la réalisation de ses résultats » (magga et phala) dans les deux ou trois heures, la concentration deviendra faible et la réflexion s’installera. Et, à l’inverse, s’il progresse bien, il peut anticiper sur un progrès à venir. Il sera tellement enchanté en pensant au résultat qu’il va connaître une régression. Il doit alors dissiper une telle anticipation, ou une telle réflexion, simplement en la notant. Une méditation menée avec régularité permettra de réaliser des progrès de façon fluide. Mais si l’on n’a pas encore acquis une force suffisante dans la Vision Pénétrante, la concentration redeviendra faible. De cette manière, certains méditants progressent et régressent plusieurs fois. Ceux qui se sont renseignés sur les étapes dans la progression de la Vision Pénétrante par l’étude (ou en entendant parler) rencontrent des hauts et des bas. Par conséquent, il n’est pas bon pour un élève qui médite sous la direction d’un enseignant de se renseigner au sujet de ces étapes avant de commencer à méditer. Mais ces étapes ont été expliquées, ici, pour le bénéfice de ceux qui doivent pratiquer sans les conseils d’un enseignant expérimenté.

Malgré de telles fluctuations, le méditant ne doit pas se laisser envahir par la déception ou le désespoir. Il est maintenant, pour ainsi dire, au seuil de magga et de phala (l’entrée de la Voie et la réalisation des résultats des états de sainteté). Dès que les cinq facultés (indriya) de foi, d’énergie, d’attention, de concentration et de compréhension seront développées de manière équilibrée, il atteindra bientôt magga et phala et réalisera le nibbana.

 

Mahasi Sayadaw
Traduction : Christian Galliou

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Henry Oudin

Henry Oudin est un érudit du bouddhisme, un aventurier spirituel et un journaliste. Il est un chercheur passionné des profondeurs de la sagesse bouddhiste, et voyage régulièrement pour en apprendre davantage sur le bouddhisme et les cultures spirituelles. En partageant ses connaissances et ses expériences de vie sur Bouddha News, Henry espère inspirer les autres à embrasser des modes de vie plus spirituels et plus conscients.

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