Quoi, encore un livre de Matthieu Ricard ? Eh oui, le célèbre moine, interprète français du Dalaï-Lama et photographe, publie un « hommage, en textes et en images, à la beauté de la nature et de la vie sous toutes ses formes ». L’auteur nous propose ici un voyage qui nous mène des sommets himalayens à la magie de l’Islande, en passant par les sentiers de la Patagonie et les rivières gelées du Yukon au Canada. Entre ciel et terre, l’auteur nous démontre à l’aide de cent photos inédites prises au cours de ses nombreux voyages, combien la nature par sa seule présence est capable de nous émerveiller et de nous éveiller à notre réalité fondamentale. Le moine bouddhiste nous convie à retrouver notre émerveillement trop souvent perdu dans le dédale de nos villes et de nos vies : s’émerveiller de tout, du rien, du simple, de la feuille, du rocher, de l’eau, d’un détail de mousse comme d’un paysage sublime, retrouver un regard d’enfant sur la nature, son infiniment grand et son infiniment petit. Pourquoi ? Tout simplement parce que « l’émerveillement nous élève en invitant dans notre paysage intérieur des états mentaux sereins, vastes et ouverts qui engendrent un sentiment d’adéquation avec le monde ». L’émerveillement nous fait sortir de nous-mêmes, il immensifie l’esprit et dilate le cœur. Il nous emplit de la vaste et émouvante interdépendance des êtres et de la nature. En ces temps de sinistrose aiguë, voilà une invitation qui ne saurait se refuser !
Mais cet ouvrage n’est pas seulement un « beau livre », c’est aussi un cri du cœur qui rappelle les enjeux écologiques actuels. À l’aide d’un texte engagé étayé par les travaux de nombreux scientifiques, Matthieu Ricard souligne combien il est de notre responsabilité de protéger notre environnement avant qu’il ne soit trop tard. En tant qu’individu, il confesse se sentir dépassé par l’ampleur de la tâche, mais tel le colibri qui lutte avec ses – petits – moyens contre l’incendie qui ravage sa forêt, l’auteur choisit ici de sensibiliser ses contemporains par le beau. À l’instar du photographe Olivier Föllmi, qui estime que « le regard positif, ça se cultive », ou de Jean-Marie Hullot, le père de l’iPhone qui, plutôt que d’utiliser un discours culpabilisant a choisi d’éveiller les consciences aux enjeux climatiques en montrant les lieux encore protégés de l’influence de l’homme, Matthieu Ricard cherche dans ce livre à nous en mettre plein le cœur dans le but de susciter en nous un enchantement, car de cet émerveillement découlera le respect envers la nature sauvage, respect duquel devrait naître le désir de protéger cet environnement, désir qui nous poussera alors à passer à l’action…
Ce livre offre un accès direct à la beauté du monde sous toutes ses formes, sans discrimination, sans les limitations de notre conscience ordinaire. Il nous permet de toucher du doigt une forme de beauté indicible qui ne se décrit pas, ne se réduit pas à de simples mots ou pensées, tout en remettant l’humain à sa vraie place, en interdépendance avec l’univers qui l’entoure. L’émerveillement suscité devant les photos va au-delà de la reconnaissance pour le travail du photographe, il est expérience de l’impermanence et de l’interdépendance de tous les phénomènes. Ce devrait faire de ce livre, un livre de chevet, un livre à offrir (Noël approche), un livre à méditer.