Pourquoi dit-on que le bouddhisme est une philosophie et non une religion ? Peut-on être bouddhiste et suivre une (autre) religion ?

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Le bouddhisme était à l’origine une philosophie, non une philosophie spéculative sur des idées, mais une philosophie pragmatique à vivre. Le Bouddha était considéré de son vivant comme un maître, un guide spirituel, non un dieu ni un prophète.

Ce n’est que quelques centaines d’années après sa disparition que sont apparues plusieurs écoles interprétant diversement sa doctrine. Pour certaines, l’essentiel est le Principe de Bouddhéité qui s’incarne en de nombreux Bouddha dans le passé et le futur, et pas seulement le Bouddha historique. C’est le Corps du Dharma (dharmakaya en sanskrit), le Bouddha transcendantal qui devient intemporel et éternel, identique à la « nature de Bouddha » (ou « embryon de Bouddha », tathagatagarbha en sanskrit) présente chez tous les êtres vivants.

C’est ainsi avec le développement du Grand Véhicule au nord-ouest de l’Inde, puis en Asie centrale et orientale, que le bouddhisme est devenu une véritable religion, avec le culte des Bouddha et Bodhisattva. Divers rites religieux, inexistants du temps du Bouddha, ont être créés et utilisés comme des « moyens habiles » pour parvenir à l’Éveil.

« Suivez l’enseignement du Bouddha si vous le voulez, mais gardez votre religion ». Le Dalaï-Lama et maître Thich Nhât Hanh

Parmi les écoles du Grand Véhicule, seul le Chán (ou le Zen) reste essentiellement une philosophie de vie, reposant sur la « vacuité » et le lâcher-prise. Ainsi, à la question : « Peut-on être à la fois bouddhiste et suivre une autre religion ? », je répondrais oui, si l’on considère le bouddhisme comme une doctrine philosophique et non pas une religion. D’ailleurs, de son vivant, le Bouddha a toujours manifesté une grande tolérance envers les autres philosophies et religions. Il a notamment conseillé à des adeptes du brahmanisme qui voulaient le suivre de continuer à honorer leur maître et leur religion.

C’est ce que conseillent également le Dalaï-Lama et le maître Thich Nhât Hanh aux personnes qui se détournent de leur religion pour aller vers le bouddhisme : « Suivez l’enseignement du Bouddha si vous le voulez, mais gardez votre religion ».

Existe-t-il des points communs avec les trois principales religions monothéistes, le judaïsme, le christianisme et l’islam ?

Oui, bien sûr, il existe des points communs entre le bouddhisme et ces trois principales religions. Il s’agit essentiellement de l’éthique, comme les cinq Préceptes fondamentaux du bouddhisme : « ne pas tuer, ne pas voler, ne pas mentir, ne pas commettre de relations sexuelles illicites, ne pas s’enivrer ou se droguer », qui sont très proches des Dix commandements de Dieu, transmis à Moïse.

Comme toutes les religions, le bouddhisme prône la paix, l’amour du prochain, la fraternité et l’aide aux plus vulnérables. La seule différence, c’est que ce n’est pas au nom de Dieu qu’il le fait, mais grâce à la compréhension profonde du Principe d’Interdépendance dans l’univers.

On retrouve aussi dans toutes ces religions des pratiques proches, comme la méditation, la prière, l’étude des écritures, le don, l’aide aux plus démunis, les œuvres caritatives ou compassionnelles.

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Fabrice Groult

Fabrice Groult est un aventurier, photographe et bouddhiste qui parcourt le monde depuis son plus jeune âge. Après avoir étudié le bouddhisme en Inde, il s'est engagé dans un voyage de dix-huit mois à travers l’Asie qui l'a mené jusqu'en Himalaya, où il a découvert sa passion pour la photographie. Depuis, il a parcouru le monde pour capturer des images de beauté et de sagesse bouddhiste. Il a été guide pendant dix ans, et est aujourd'hui journaliste chez Bouddha News.

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