Vénérable,
La pratique vipassana, vision « intérieure », implique je suppose que le regard soit intériorisé. Pouvez-vous nous éclairer sur la pratique à appliquer pour obtenir cette intériorisation. Respectueusement,
Alain
Vénérable,
En méditation, qu’entend-on par regard intérieur ?
Annie
Vénérable Nyanadharo : Fermez les yeux et esquissez un léger sourire comme celui du Bouddha ou de la Joconde si vous préférez. Ce sourire, vous le percevez, vous le sentez, vous pourriez presque dire vous le « voyez », et pourtant vous n’utilisez pas vos yeux et votre vision. Vous sollicitez là le regard intérieur, une manière de percevoir totalement indépendante du sens de la vue puisque dans ce cas présent vous avez toujours les yeux fermés.
Lorsque vous serez capable de maintenir avec concentration cette perception du sourire, essayez alors les paupières légèrement entrouvertes et reprenez votre perception du sourire alors que votre vue désormais sera susceptible d’accrocher des images provenant du monde extérieur. Priorisez la perception du sourire par rapport aux images qui proviennent du monde extérieur. Votre vision extérieure devient ainsi automatiquement « panoramique » en percevant tout globalement, mais en ne s’arrêtant sur aucun détail puisque votre observation suit prioritairement la perception du sourire de la manière la plus soutenue et continue possible. Vous percevez ainsi simultanément le monde intérieur et le monde extérieur.
Méditer, c’est préserver ce fragile équilibre intérieur-extérieur que tenteront de rompre pensées, douleur, ennui et autres multiples matières à diversion. Revenez inlassablement à cet équilibre. Au début, le calme vigilant qui s’en suit sera de courte durée pour progressivement s’allonger au fur et à mesure du développement de votre concentration. Bonne méditation.
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