Un Dieu créateur ?

Cher Docteur Trinh,
Je n’ai pas (encore) pris refuge, même si je reconnais les trois joyaux, les quatre nobles vérités, le noble octuple sentier, etc. Quelque chose me retient… Je n’arrive pas à me détacher de l’idée d’un Dieu créateur, a minima d’une force, d’une énergie originelle, de l’Un, bref, quelque chose et peut-être même LA seule et unique chose qui n’entre pas dans le principe de l’impermanence. Autre chose, l’âme individuelle qui n’existerait pas, c’est difficile à concevoir… Merci d’avance.

Docteur Dinh Hy Trinh : Cher Laurent,

Je comprends très bien vos interrogations, vos doutes, qui sont partagés par beaucoup d’Occidentaux qui ont approché le bouddhisme.

Ce serait trop long de développer ici les points de vue bouddhistes (car il y en a plusieurs) sur la notion de Dieu ou de l’Absolu, sur le soi ou l’âme individuelle, etc.

Je voudrais seulement vous dire que tout dépend de vous, c’est-à-dire de votre attitude pratique vis-à-vis de Dieu (ou de l’Un, de l’Éternel Absolu).

Si vous vous contentez de penser qu’il existe, qu’il a créé l’univers, qu’il imprègne toute chose, qu’il est toute chose, qu’il est éternel, immuable… Et que vous-même vivez selon les préceptes du Bouddha, en entraînant votre esprit à se débarrasser des afflictions, des souillures, en étant responsable de vous-même, sans jamais rien demander à Dieu, alors, vous êtes déjà bouddhiste. Cela ne contredit en rien le bouddhisme, car le Bouddha Gautama n’a jamais parlé de Dieu, il n’a jamais affirmé ni nié son existence, ou tout simplement il a rejeté toutes les questions métaphysiques qu’il jugeait inutiles.

Par contre, si vous croyez en Dieu et que vous lui demandez, par la prière, qu’il vous apporte tout ce que vous désirez, et qu’après votre mort il vous accueille dans son monde, à ce moment-là, on peut dire que vous n’êtes pas bouddhiste, car vous n’avez pas compris profondément – même si vous les connaissez – les enseignements du Bouddha, c’est-à-dire les 3 caractéristiques, les 4 vérités, l’octuple sentier et la coproduction conditionnée.

Voyez-vous, je n’ai pas répondu à votre question. C’est à vous d’y répondre.

Bien cordialement,

Dr Dinh Hy Trinh

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