Les réseaux sociaux vus par le bouddhisme

Cher Dr Trinh,
Pratiquant la méditation et très intéressée par la spiritualité bouddhiste depuis quelques années, je me retrouve aujourd’hui face à un dilemme : je travaille dans la communication et utilise de plus en plus les réseaux sociaux, des outils chronophages puisqu’ils explosent les frontières d’espace et de temps. Nous sommes désormais connectés en permanence, au travail comme à la maison, toujours plus sollicités et donc toujours plus loin de nous-mêmes. Je le vis mal, mais ne peux décemment pas vivre dans ma grotte. Quelle est la position du bouddhisme sur ce sujet ?

Docteur Dinh Hy Trinh : Chère Elodie,

Votre question est une grande question d’actualité (*). Nous sommes aujourd’hui devenus des sujets de plus en plus interconnectés – surtout ceux travaillant dans le milieu de la communication, des médias -, soumis en permanence à de multiples signaux et stimuli, ne nous laissant aucun répit dans la journée. Notre attention est de plus en plus perturbée, et n’arrive plus à se fixer sur un objet au-delà de huit secondes, c’est-à-dire guère mieux qu’un poisson rouge dans un bocal ! Le résultat est un état tendu permanent de la conscience, générateur de stress, de fatigue et d’anxiété, voire de déprime.

Or, c’est tout le contraire que le bouddhisme prône : la « juste concentration » et la « juste attention », qui permettent d’apporter à l’esprit du calme, de la sérénité, de l’équanimité.

La seule solution pour vous je crois, c’est d’essayer d’organiser différemment votre temps de travail, de façon à vous déconnecter volontairement dans la journée à intervalles réguliers, et de vous entraîner ainsi dans une tâche bien définie, dans le calme, à la “juste attention”, qui est à la base de la méditation bouddhique.

Difficile, mais “quand on veut, on peut”. Bon courage !

(*) abordée par un ouvrage récent de Bruno Patino : La civilisation du poisson rouge – Petit traité sur le marché de l’attention (Grasset, 2019)

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