Dr Trinh,
Pratiquante francilienne, j’avoue ne pas savoir comment réagir face aux grèves actuelles liées à la réforme des retraites. Si je peux comprendre la déception de certaines professions, voire le ras-le-bol de certains manifestants, il me semble que toute cette colère est vaine. D’autant que l’arrêt de transports en commun pourrit bien plus la vie du peuple que des élites. Qu’en pensez-vous et quelle pourrait être la réponse du bouddhisme à ces grèves ?
Docteur Dinh Hy Trinh : Chère Madame,
Il est évident que le bouddhisme n’a pas pour vocation d’aider à résoudre les problèmes politico-sociaux, qui relèvent d’autres responsabilités et compétences. Par contre, il pourrait aider chacun à mieux gérer les perturbations psychologiques provoquées par ces tensions sociales.
Comment faire pour ne pas maugréer contre les désagréments liés à la grève, pour ne pas s’offusquer devant les déchaînements et réactions de violence dans les manifestations ? En essayant simplement de se mettre à la place des gens, manifestants, usagers et policiers, de comprendre leur situation, leur motivation, leur souffrance. Parce qu’en réalité, chacun de son côté est une victime et souffre. Comme dans tous les conflits, au bout du compte il n’y a pas de gagnants, mais que des perdants. Envoyez-leur par la pensée votre bienveillance, votre compassion. C’est une sorte de méditation sur la bienveillance (« loving-kindness » en anglais), qui, si elle ne peut objectivement changer les choses, vous apportera au moins l’apaisement et la sérénité.
Comme le disait le Bouddha : « Jamais la haine ne met fin à la haine ici-bas. Seul l’amour met fin à la haine, telle est la loi éternelle. » (Dhammapada, 5).