Cher Docteur Trinh,
Féru d’histoire et de littérature américaine, notamment la période de la fin des années 60 et le mouvement des droits civiques, je navigue entre ma passion pour cette période et ma rencontre spirituelle il y a environ trois ans pour le bouddhisme. D’où ma question : les bouddhistes ont-ils été engagés contre la ségrégation raciale aux États-Unis ? Y a-t-il eu des ponts entre bouddhistes et militants des droits civiques ?
Docteur Dinh Hy Trinh : Cher Monsieur,
Oui, effectivement il y a eu un pont entre des bouddhistes dits « engagés » et des militants des droits civiques. Dans les années 1960, en même temps que le mouvement pour les droits civiques et contre la ségrégation raciale aux États-Unis, est né un mouvement citoyen pacifiste réclamant l’arrêt de la guerre au Viêt Nam, à l’intérieur du pays et à l’étranger. Des représentants de ces mouvements ont joint leur action, comme le Révérend Martin Luther King Jr et le Maître Zen Thich Nhât Hanh, qui se sont rencontrés en 1966 (photo ci-jointe). Tous deux étaient engagés pour la paix, la non-violence, l’égalité et la fraternité entre les hommes. Malheureusement peu de temps après, Martin Luther King, prix Nobel de la paix 1964, fut assassiné en 1968, à 39 ans. Le Maître Zen Thich Nhât Hanh a vécu longtemps exilé en France, où il a fondé l’Ordre Inter-Etre, au Village des Pruniers, jusqu’en 2018, où il est rentré définitivement au Viêt Nam.