Joanna Macy : la mère de l’Écologie profonde

- par Henry Oudin

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Docteur en philosophie, bouddhiste spécialiste de la Théorie générale des systèmes et de l’Écologie profonde, Joanna Macy est une fondatrice de l’Écophilosophie et de l’Écopsychologie. Voix respectée des mouvements pour la paix, la justice sociale et un environnement sain, elle a créé, il y a plus de quarante ans, un outil puissant pour se reconnecter et se réconcilier avec la terre baptisé « Le travail qui relie ».

Interrogé sur ce que serait la plus grande urgence du début du XXIe siècle, le moine zen Thich Nhât Han répondait : « Entendre le cri de la Terre en nous. » La crise écologique naît en nous, Joanna Macy en est persuadée. Elle a compris, dès les années 1970, en luttant, aux États-Unis, contre le nucléaire civil et militaire et en dénonçant ces dangers que l’information seule ne pouvait qu’accroître la résistance. Que pour lutter contre les crises, il ne suffisait pas de dire aux gens la vérité, mais de libérer leur voix intérieure. « Quand j’ai commencé à dénoncer les risques de santé publique liés à ces techniques et à les révéler au public, en pensant que la population locale se lèverait contre le nucléaire, je me suis retrouvée face à un mur de silence et d’incompréhension. Les gens se fermaient comme des huîtres. J’ai compris alors que les hommes se détournent de ce qui les effraie, non par indifférence, mais par hantise de la douleur morale. Cette expérience a changé ma vie », insiste-t-elle. Comment mettre fin à cette apathie, à cet engourdissement psychique, à cette forme de déconnexion entre la tête et le cœur ? « En intégrant ces informations au plan émotionnel afin de débloquer les émotions refoulées, clarifier l’esprit et libérer nos énergies », souligne-t-elle.

Les apports du bouddhisme tibétain

Pour ce faire, Joanna Macy a inventé, à la fin des années 1970, le Travail qui relie, qu’elle a enseigné, depuis, à des dizaines de milliers de personnes à travers le monde. « C’est une méthodologie puissante de transformation personnelle et collective », observe Michel-Maxime Egger, le codirecteur de la collection Fondations écologiques aux éditions Labor et Fides qui a publié, au printemps 2018, L’espérance en mouvement, un livre coécrit par Joanna Macy et Chris Johnstone, qui est une traduction de l’édition anglaise.

« Les hommes se détournent de ce qui les effraie, non par indifférence, mais par hantise de la douleur morale. »

Pour Claire Carré, l’animatrice de l’association Les Roseaux dansants, qui promeut le Travail qui relie en pays francophones, Joanna Macy serait la mère de l’écologie profonde, cette philosophie qui met l’accent sur notre interdépendance avec toute vie sur terre. « Arne Naess a inventé en 1973 le concept d’écologie profonde, mais c’est Joanna Macy qui l’a mise en pratique », note-t-elle.

Joanna Macy fonde son travail sur les sagesses des anciens et notamment sur les apports du bouddhisme tibétain qui ont, dit-elle, illuminé sa vie. Sur les enseignements des peuples premiers aussi, sur ces peuples qui vivent en communion avec la nature et qui ont une vision sacrée du monde, dont elle nous invite à nous réapproprier les savoirs et sagesses anciens, tout en utilisant les apports de la science contemporaine, de la physique quantique, notamment de l’approche systémique. « Nous vivons une heure révolutionnaire, où la Terre et la beauté de ce monde peuvent encore être préservées. Chacun à un rôle à jouer dans ce processus », souligne cette incorrigible optimiste

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Henry Oudin

Henry Oudin est un érudit du bouddhisme, un aventurier spirituel et un journaliste. Il est un chercheur passionné des profondeurs de la sagesse bouddhiste, et voyage régulièrement pour en apprendre davantage sur le bouddhisme et les cultures spirituelles. En partageant ses connaissances et ses expériences de vie sur Bouddha News, Henry espère inspirer les autres à embrasser des modes de vie plus spirituels et plus conscients.

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